Un chômeur espionne ses 653 concurrents
Une fausse offre d’emploi pour dresser un portrait de ses potentiels concurrents… Il fallait y penser ! Eric K. Auld, diplômé new-yorkais au chômage, l’a fait. Il a mené sa petite expérience : jouer les recruteurs fictifs pour attirer les candidats avec une fausse offre d’emploi postée sur Internet. Une méthode payante puisque plus de 650 postulants se sont manifestés… L’expérimentation lui a alors permis de mieux cerner le profil des chercheurs d’emploi proches de son domaine d’activité et de tirer quelques enseignements pour se démarquer. Il explique sa démarche intitulée « Get a Job : The Craigslist Experiment » sur le site américain thoughtcatalog.com, qui se définit comme « un lieu d’écriture pertinente ».
Chômeur parmi les chômeurs
The Big Apple regorge de chômeurs, tous diplômés et sans doute tous aussi compétents les uns que les autres. Se différencier n’est donc pas chose aisé. Titulaire d’une maîtrise d’anglais, Eric Auld exerce un job à temps partiel comme maître de conférences mais cela ne lui suffit pas pour vivre correctement à New York. Avec un nombre limité de cours par semestre, il ne travaille pas pendant les vacances d’été ni d’hiver, et peine à payer son loyer, ses assurances santé et auto, son prêt étudiant, etc. Comme la plupart des jeunes diplômés de son âge. Aux Etats-Unis, le taux de chômage s’élève à 8,1%. Mais Eric va vite s’apercevoir que trouver un job dans son domaine de compétences, même complémentaire, va s’avérer plus difficile que prévu.
Tricher pour surveiller la concurrence
Ecrivain, musicien et essayiste, l’excentrique Eric a donc inventé un emploi pour « surveiller la concurrence ». Il a ainsi posté une fausse offre sur le site américain de petites annonces « Craigslist.org » rubrique « Jobs ». Une annonce d’assistant administratif élaborée à partir du contenu d’autres offres qu’il avait parcouru lors de ses nombreuses recherches, dans laquelle il précise les tâches quotidiennes du poste, le salaire, le lieu de travail (à NYC), les avantages niveau santé et un email de contact.
Résultats : en 20 minutes il obtient 56 candidatures ; en 6 heures, il est à 431 et après 24 heures il retire l’annonce qui a obtenu 653 postulants. En analysant le profil de ses potentiels concurrents, Erick s’aperçoit que 76% des candidats ont déjà une véritable expérience. Sur les 653 candidats, 147 ont plus de 5 ans d’expérience en tant qu’assistant administratif. Pire, 62 postulants ont 10 ans de métier ou plus, alors qu’ils postulent pourtant à un simple poste d’assistant…
Les méthodes pour attirer l’attention
Déprimé, Eric fait de sa conclusion un mantra qu’il se répètera à chaque candidature : « Peu importe à quel point je veux ce poste, 652 autres personnes le convoitent aussi. »
Mais peut-on réellement se démarquer de plus de 650 candidats ? Probablement pas. Le new-yorkais tire toutefois de son expérimentation plusieurs idées destinées à attirer l’attention des recruteurs, qu’il s’agisse de trouver un contact travaillant dans l’entreprise visée, d’être recommandé par quelqu’un ou de relancer ses candidatures. Grâce à son expérience, il remarque aussi que la moitié des candidatures arrivent durant les 3 premières heures. Il ne postule donc plus aux annonces de plus d’un jour. Enfin, il a pris la résolution suivante : être un peu plus patient. 653 CV en une journée… La preuve que le processus d’examen des candidatures peut prendre un certain temps !
Un bon exemple
Cette méthode est-elle bien honnête ? Selon Eric K. Auld, même si elle est critiquée par certains internautes, elle constitue un bon exemple pour d’autres chercheurs d’emploi et montre l’inutilité de postuler aux offres de sites de petites annonces un peu « fourre-tout » comme Craiglist.org. On est encore loin des méthodes radicales comme celle illustrée dans le film de Costa Gavras, « Le Couperet », (tiré du roman de l’auteur américain Donald E. Westlake) dans lequel José Garcia, cadre au chômage, décide carrément d’éliminer ses concurrents pour trouver un poste à son niveau…en les assassinant.
Eric K. Auld lui, a tiré de sages enseignements de son expérience. Et si elle ne lui a pas apporté un job complémentaire, il reste un prof apprécié de ses élèves et un créatif très très inspiré.
Lire l’interview en anglais d’Eric K. Auld, son essai sur thoughtcatalog.com et le suivre sur Twitter.
(© adisa – Fotolia.com)