Comment les Français se sont mis au télétravail depuis 5 ans
Après l’essor soudain puis l’encadrement progressif du télétravail, quel avenir se dessine pour cette pratique en France ?
En 2019, la France ne comptait que 9% de salariés pratiquant au moins occasionnellement le télétravail. Quatre ans plus tard, ce chiffre atteint 26%. Comment expliquer que l’extraordinaire essor de cette pratique en plein cœur de la crise sanitaire se soit ancré dans la durée ? Et que peu d’entreprises envisagent de revenir en arrière ?
Un pic de télétravail entre 2020 et 2021
Une étude de la Dares, publiée le 5 novembre 2024*, donne des pistes de réponse. Elle observe notamment qu’après le pic correspondant aux deux premiers confinements (entre mars 2020 et début 2021), lors desquels 42% des salariés déclaraient avoir fait l’expérience du télétravail au moins une fois, la pratique a enregistré un léger recul : 31% de télétravailleurs en 2021, puis 26% début 2023.
Entre 2019 et 2021, la hausse (de 9% à 31%) a été particulièrement portée par les cadres et les professions intermédiaires, ces deux catégories y contribuant à hauteur de 8 et 9 points (sur les 22 points d’augmentation). Entre 2021 et 2023, le léger recul du télétravail (de 31% à 26%) est principalement dû aux pratiques des professions intermédiaires. « Alors que la pratique du télétravail se diffuse durant la crise sanitaire auprès de populations qui en étaient auparavant très éloignées [employés administratifs de la fonction publique, secrétaires, enseignants…], elle se recentre en sortie de crise, principalement chez les cadres », note la Dares. Le développement du télétravail entre 2019 et 2023 s’explique aussi par un plus grand nombre de femmes, mais aussi de moins de 30 ans et des plus diplômés parmi la population de télétravailleurs.
La Dares met aussi en exergue des évolutions en termes d’intensité du télétravail : si en 2019, seul 1% des salariés télétravaillent trois jours ou plus par semaine, cette part passe à 18% des salariés (soit 60% des télétravailleurs) en 2021, avant de diminuer pour atteindre 5% des salariés en 2023. L’enquête montre que les travailleurs sont passés d’un rythme de télétravail subi à un rythme choisi : si en 2021, 34% des salariés télétravaillaient un nombre de jours équivalent à leurs souhaits, ils sont 44% en 2023.
Un facteur clé d’attractivité pour les entreprises
Preuve que le télétravail est toujours extrêmement attractif pour les salariés, en 2023, environ un tiers des personnes interrogées souhaitaient continuer ou commencer à travailler au moins quelques jours par mois, dont deux tiers au moins deux jours par semaine et un tiers un jour par semaine ou moins.
Autre donnée intéressante : parmi les salariés qui ne télétravaillaient pas en 2023, 19% considèrent leur poste comme télétravaillable et 13% souhaiteraient avoir la possibilité de télétravailler. Le plus souvent, les travailleurs tentés par le travail à distance ont le même profil que ceux qui ont récemment adopté le télétravail : les cadres, les professions intermédiaires, les femmes, les jeunes et les bac+5 et plus.
En résumé, le télétravail reste un avantage recherché par les salariés, y compris lorsqu’ils n’y ont actuellement pas accès. Mais une majorité de travailleurs affiche sa préférence pour un mode de travail hybride, avec un à trois jours de télétravail par semaine. Des données riches d’enseignements pour les entreprises qui s’apprêtent à renégocier leurs accords de télétravail.
*Etude basée sur les enquêtes conditions de travail, Tracov 1 et Tracov 2, respectivement menées en 2019, 2021 et 2023, auprès de salariés en emploi en France métropolitaine âgés de 20 à 62 ans.