Ils font l’économie sociale et solidaire


Il n’est pas toujours facile de monter sa petite entreprise. Yann Letourneur en sait quelque chose. « Je travaillais dans la chaussure depuis 10 ans déjà avant de vouloir créer ma propre activité. Avec mon partenaire nous disposions de 10 000 euros mais il nous fallait plus si nous voulions rénover les locaux que nous avions trouvés et acheter la matière première nécessaire au lancement d’Evolution. Finalement, c’est notre banquier qui nous a parlé de Bretagne active, un financeur solidaire en faveur de l’emploi. Ensuite, les choses sont allées assez vite. Une commission a étudié notre dossier et l’a validé. Le fait que cet organisme nous prête de l’argent et d’une certaine façon parraine notre projet était une garantie suffisante pour que les financeurs traditionnels nous suivent. C’est ainsi que nous avons pu emprunter en tout 100 000 euros. Face à la concurrence qui existe à Rennes sur ce secteur, sans ces financeurs, il aurait fallu revoir nos ambitions à la baisse. Cela fait 6 mois que nous avons ouvert, nous nous laissons encore ce même délai avant de nous rémunérer ».

« Je suis arrivée fin 2011 à Rennes, témoigne Sarah. J’étais au chômage et je me sentais un peu désemparée pour créer un réseau dans la ville. J’ai entendu parler de SNC. Auprès de ces membres, j’ai trouvé une oreille attentive pour comprendre mes difficultés à trouver un emploi mais aussi pour essayer de définir mon projet professionnel ». « C’est un peu l’inverse de Pôle Emploi qui vous met dans des cases et vous infantilise, poursuit Ivonig. Lorsqu’une personne est au chômage, un suivi de la personne est aussi nécessaire pour véritablement lui venir en aide. L’échange qu’offre SNC permet alors de retrouver la pêche. J’ai appris à mieux gérer mon temps mais aussi à mieux construire mes spectacles par exemple ».

« Nous employons 120 personnes à Rennes en réinsertion professionnelle. Nous leur proposons un contrat de qualification pendant deux ans pour qu’elles apprennent un métier mais aussi pour les accompagner socialement. Elles bénéficieront d’une remise à niveau en français et en mathématiques par exemple. Nous leur apprenons aussi ce que recherchent les entreprises : le savoir-faire et le savoir-être. En fonction de leurs qualités et compétences, les personnes pourront apprendre un de nos 18 métiers comme la réparation en électronique ou encore la vente. Généralement, elles viennent à nous via les services sociaux mais ça peut être également une démarche personnelle. Mais dans tous les cas, nous les sélectionnons en fonction de nos besoins de recrutement. Nous essayons aussi de favoriser une mixité au sein de nos équipes, aussi bien en fonction des origines que des expériences de chacun. Une fois leur période de qualification terminée, nous savons qu’environ 50 à 60% d’entre elles trouveront un emploi en CDI, en CDD ou encore une formation qualifiante ».

« Nous avons un statut d’entreprise classique, mais par notre activité nous faisons bel et bien partie de l’Economie solidaire et sociale. Autant nous ne rejetons pas le profit, autant nous voulons transformer le système économique par nos valeurs. Alors que le commerce équitable a été complètement repris par la grande distribution, nous entendons nous positionner comme une alternative au bio-business. On fait particulièrement attention à la façon dont les produits que nous commercialisons sont transformés. Aucun d’entre eux ne contiendra par exemple d’huile de palme dont on sait qu’elle a un impact particulièrement négatif sur l’environnement. Nous oeuvrons aussi pour une économie plus solidaire et équitable. Par exemple, pour le sucre du Brésil que nous distribuons, nous nous sommes associés avec le mouvement des paysans sans terre pour occuper des terres cultivables non-exploitées. Nous avons un véritable engagement politique qui passe par une pratique économique structurée ».