Les salariés français sont de plus en plus méfiants face à l’IA

Ils sont pourtant nombreux à l’utiliser dans le dos de leur hiérarchie !

Selon une récente étude, 63% des salariés ne souhaitent pas être formés à l’intelligence artificielle.
Selon une récente étude, 63% des salariés ne souhaitent pas être formés à l’intelligence artificielle.

L’intelligence artificielle ne touche pas le monde du travail de la même manière dans tous les coins du globe. Pour les pays les plus vulnérables, elle risque même d’être un facteur de décrochage économique. C’est en tout cas ce qu’envisage le FMI (Fonds monétaire international) dans son dernier rapport consacré aux conséquences de l’IA sur l’emploi et l’économie mondiale, rapporte le journal Les Echos. « Dans le monde, 40 % des emplois seront touchés. Et plus vous occupez un emploi qualifié, plus ce sera le cas. Ainsi, pour les économies avancées et certains pays émergents, 60% des emplois sont concernés », a déclaré le 15 janvier 2024 à l’AFP la patronne du FMI, Kristalina Georgieva.

Génératrice d’une hausse de revenus pour certains, l’IA pourrait aussi signifier une accélération des inégalités salariales pour d’autres, en particulier les classes moyennes. « Il est certain qu’il y aura un effet mais il peut être différent, que cela entraîne la disparition de votre emploi ou, au contraire, son amélioration. Dès lors, que faire de ceux qui sont touchés et comment partager les gains de productivité, que peut-on faire pour être mieux préparés ? », s’est interrogée Kristalina Georgieva, qui propose de mettre ses craintes sur l’IA de côté et de « se concentrer sur la façon d’en tirer le meilleur avantage pour tous ».

Des usages professionnels en augmentation

Une méfiance qui touche de nombreux Français, d’après une nouvelle enquête menée par l’Ifop (*) publiée le 18 janvier 2024, alors que de plus en plus de salariés utilisent des outils d’intelligence artificielle dans le cadre de leur travail. « En cinq ans, la proportion de celles et ceux en ayant fait usage dans le cadre professionnel a presque doublé, passant de 14%, en 2019, à 22% aujourd’hui, précise l’étude. C’est notamment le cas des hommes (29% contre 16% chez les femmes), des plus jeunes (36% des 18-29 ans contre 12% des 50-59 ans) et des dirigeants d’entreprises, qui sont plus de la moitié (54%) à s’être servi d’un logiciel d’IA. » A noter d’ailleurs, selon l’Ifop, que plus de la moitié des salariés (55%) qui ont utilisé l’IA dans leur travail, l’ont fait… dans le dos de leur hiérarchie !

Des salariés réfractaires et inquiets…

Une intensification des usages loin d’être la priorité des entreprises, d’après l’étude. La faute aux salariés réfractaires ? « Près des deux tiers des salariés (63%) indiquent ne pas avoir été formés et, surtout, ne pas vouloir l’être quand 27% y aspirent, au contraire », indique l’étude. Un refus particulièrement présent chez les employés (73% contre 46% chez les cadres supérieurs), les jeunes (58% des 18-29 ans sont concernés) comme les moins jeunes (71% parmi les 50-59 ans).

La crainte des salariés français ? La pérennité de leur emploi. En effet, ils sont peu nombreux à estimer que l’utilisation de l’IA aura un impact positif en la matière (16%) et même une proche majorité à la voir comme préjudiciable (41%). Une tendance qui n’évolue pas dans le bon sens pour l’IA, au contraire : « D’une manière plus générale, on a le sentiment que plus l’intelligence artificielle prend de l’ampleur et moins les salariés voient en elle des aspects bénéfiques. Ainsi, quand 46% d’entre eux pensaient, en 2018, qu’elle améliorerait leurs performances au travail, ils sont moins de trois sur 10 (29%) à le dire aujourd’hui. Idem pour leur bien-être et leur qualité de vie, les conséquences positives passant de 41%, il y a six ans, à 35% », peut-on lire dans l’étude.

… pour l’avenir de l’emploi

Les salariés sont même près de sept sur dix (68%) à anticiper les conséquences négatives qu’entrainerait le recours à l’IA par leur entreprise dans l’avenir. Plus de la majorité (56%) y voit un danger pour certains emplois et ils sont tout aussi nombreux (55%) à s’inquiéter des inégalités que la maitrise (ou non) de ces outils pourrait entrainer. Les répondants y voient aussi la possibilité d’une réduction de l’intérêt de leur métier (42%) et plus particulièrement chez les utilisateurs les plus concernés. En effet, ce sont bien les cadres supérieurs (77%) qui partagent le plus cette crainte.

* Etude menée à la demande de Learnthings.fr et de l’agence spécialisée en data FLASHS sur 1 911 personnes (dont 952 salariés) en France, du 21 décembre 2023 au 3 janvier 2024.

Bien s’équiper pour bien recruter