Au Royaume-Uni, les employeurs misent sur les salaires pour retenir leurs collaborateurs

Une pratique qui inquiète les observateurs de l’inflation.

De nombreux employeurs britanniques misent sur les salaires pour retenir leurs collaborateurs.
Augmenter les salaires pourrait gonfler l'inflation. © borislav15/stock.adobe.com

Environ 40% des employeurs britanniques on fait des contre-offres pour garder des collaborateurs tentés par des salaires plus élevés chez la concurrence au cours des 12 derniers mois, selon une enquête (*) du Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD) partagée par BBC News. No regrets ? Sur les 2 000 employeurs interrogés, la majorité a confié au CIPD s’attendre à le faire à nouveau, afin de retenir les travailleurs.

Une tendance qui inquiète selon le média anglais alors que le nombre de postes vacants a dépassé le million au Royaume-Uni : une telle escalade des salaires va-t-elle gonfler l’inflation ?

De plus en plus de postes vacants

L’étude du CIPD relève que parmi les employeurs britanniques qui avaient fait une contre-offre au cours des 12 derniers mois, 38 % avaient conclu un accord correspondant au salaire promis par la nouvelle entreprise. Or, 40 % offraient des salaires encore plus élevés alors même que les entreprises outre-Manche, prévoient d’augmenter les salaires de 5 % en un an. 

Le CIPD examine le marché du travail britannique et mène une enquête chaque trimestre auprès des entreprises. Le rapport le plus récent est aussi le premier à interroger sur les contre-offres au personnel. Il n’y a donc aucun élément de comparaison pour savoir si ces chiffres ont augmenté ou non. Cependant, l’institut s’attend à une augmentation du recours à ces contre-offres à mesure que les difficultés de recrutement augmentent dans le royaume.

En effet, selon le Bureau des statistiques nationales du Royaume-Uni (ONS), le nombre de postes vacants entre avril et juin 2023 était de 1 034 000 million et ainsi supérieur de 232 000 par rapport à la période pré-Covid, entre janvier et mars 2020.

Vers une spirale salaires-prix

Les hausses des salaires ont, de leur côté, bien du mal à suivre l’inflation. Dans ses derniers chiffres, l’ONS a déclaré que le salaire moyen avait augmenté de 7,3 % mais en tenant compte de l’inflation, avait baissé de 0,8 %.

Un sujet d’inquiétude pour la Banque d’Angleterre et le gouvernement, qui craignent que la demande des travailleurs pour des augmentations de salaire ainsi que des accords salariaux pour combler les postes vacants, n’alimentent l’inflation. Un phénomène que l’on appelle une spirale salaires-prix ou inflation par les coûts. Le principe ? Dans un contexte inflationniste, la hausse des salaires entraîne une hausse des prix, qui à son tour entraîne une demande de hausse des salaires.

Miser sur d’autres incitations

Une difficulté non sans solution selon le CIPD. L’institut suggère aux employeurs de ne pas augmenter les salaires et d’offrir d’autres incitations à rester à leurs collaborateurs.

« Bien que le salaire soit souvent l’objectif le plus typique d’une contre-offre, il y a d’autres choses que les employeurs devraient prendre en compte pour rendre les postes plus attrayants, comme le travail flexible, les congés payés supplémentaires, les opportunités d’évolution de carrière ou de meilleures cotisations de retraite », a déclaré Jon Boys, économiste principal du marché du travail à la CIPD à BBC News.

Et l’institut leur conseil d’être careful. Car, dans son enquête, le CIPD a également constaté que seulement un cinquième des employeurs qui ont fait des contre-offres avaient une politique formelle sur le sujet. Un « détail » qui pourrait « entraîner des problèmes liés aux écarts de rémunération, à l’équité salariale dans des postes similaires et à l’approche globale de l’organisation en matière de récompense » selon le CIPD.

(*) Cette enquête a été menée auprès de 2 000 employeurs du Royaume-Uni. 

Bien s’équiper pour bien recruter