Le Royaume-Uni se demande où sont passés ses travailleurs

C’est la commission des affaires économiques de la Chambre des Lords qui est à l’origine de ce rapport, publié le 20 décembre. On y apprend notamment que plus d’un demi-million de Britanniques ont quitté le Royaume-Uni depuis le début de la crise sanitaire.

Comment expliquer cette pénurie de main-d’œuvre ?

Si les nouvelles règles d’immigration qui ont fait suite au Brexit ont été mises en cause, elles ne sont pas la seule, ni la principale explication. D’autres raisons sont désormais bien identifiées :

• le départ en retraite anticipée de la tranche des 50 à 64 ans (bien que l’inflation en poussent désormais certains à revenir sur le marché)
• les arrêts de travail qui augmentent chez les adultes en âge de travailler
• le vieillissement de la population

Comme en France, l’hôtellerie-restauration est particulièrement touchée, car elle employait de nombreux travailleurs issus de l’immigration européenne, qui ont dû quitter le pays suite au Brexit et ne sont pas forcément revenus. Ce sont aujourd’hui les immigrants hors UE qui viennent renforcer les rangs du secteur.

Quels sont les risques ?

Le rapport identifie deux risques importants : la pénurie de travailleurs ralentirait la croissance, en même temps qu’elle favoriserait l’inflation. Par quelle mécanique ? Pour se rendre compétitives sur le marché du recrutement, les entreprises ont tendance à augmenter les salaires. Même si le taux d’augmentation des rémunérations (6%) reste en-deçà de celui de l’inflation qui, malgré un timide ralentissement, s’élevait encore à 10,7% en novembre.

Le document pointe aussi une particularité du marché de l’emploi britannique, qui serait le seul à connaître un taux d’embauche début 2023 inférieur à celui de 2019 avec une évolution de -0,5 point là où la France devrait atteindre +1,25 points.

L’enjeu désormais, comme l’a affirmé le commission économique, sera d’entrer dans le détail de ces différentes causes pour comprendre si cette tendance est amenée à se prolonger dans les mois et années à venir.