Quelles retraites chez nos voisins européens ?

A l’heure où des milliers de personnes manifestent dans la rue contre cette réforme, on peut se demander comment font les autres ? Les autres, ce sont nos voisins européens. A quelle retraite ont et auront-ils droit ? Et surtout, est-elle plus ou moins avantageuse que la retraite française ? Le débat sur la réforme bat son plein dans plusieurs pays. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, la France ne s’en sort pas forcément moins bien que les autres. C’est sur la question de l’emploi et la croissance qu’elle peine.
Pas forcément mieux ailleurs
Plutôt que d’allonger la durée de cotisation, la plupart des pays européens ont choisi de repousser l’âge légal de départ à la retraite. Mais nombreux d’entre eux ont fixé depuis quelques temps déjà l’âge légal de départ à 65 ans pour les hommes, et à 60 ans pour les femmes. C’est le cas de la Belgique, la Suisse, l’Espagne, l’Italie, le Portugal, la Grèce, le Luxembourg, l’Irlande, le Danemark, la Finlande, l’Autriche ou la Pologne… Quelque pays, en particulier à l’Est de l’Europe l’ont fixé entre 60 et 63 ans comme l’Estonie, la Lettonie, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie… C’est au Royaume-Uni que l’on part le plus tard, avec un âge minimum légal de départ à 68 ans en 2046. Pays-Bas et Danemark ont eux fixé cet âge légal à 67 ans pour 2025, tout comme l’Allemagne qui souhaite appliquer cela dès 2029.
Le modèle suédois reste celui montré en exemple. Mais la réforme n’aurait sans doute pas eu autant de voix en sa faveur si son processus n’avait pas été appliqué en douceur : après 10 ans de négociation, l’âge minimum légal de départ a été fixé à 60 ans et le maximum à 70 ans, sans inclure toutefois la notion de pénibilité.
Et l’emploi des seniors ?
Mais comme ses voisins nordiques, la réforme suédoise a été accompagnée d’une véritable « stratégie de mobilisation autour de l’emploi des seniors » explique Bruno Palier, chargé de recherche au CNRS et au Cevipof et spécialiste des systèmes de protection sociale en Europe sur touteleurope.eu. Et c’est aujourd’hui la croissance positive de ces pays qui finance leurs retraites…
Aborder le sujet des retraites sans traiter à bras le corps celui de l’emploi des seniors est donc une totale hypocrisie. Et comme le pointe justement Le Figaro, sur cette question, la France est à la traine. Le taux d’emploi des 55-64 ans y est de 38,9%. Chez nos voisins européens, il atteint 46% en moyenne. A la vue de ces statistiques, deux « écoles » s’affrontent en France. Pour certains, si ce taux est si bas, c’est en partie à cause de la possibilité de partir en retraite à 60 ans, qui fait s’effondrer le taux d’emploi des 60-64 ans. Pour les autres, il faut avant tout mettre en place une politique visant à favoriser l’emploi de 50-60 ans, et celui des jeunes, car sans emploi, pas de cotisation, et sans cotisation, pas de retraite.
A lire également : « USA : retraite et emploi des seniors »
- Dessin : Martin Vidberg