Emmanuel Macron appelle les grandes entreprises à « distribuer davantage à leurs salariés »
Qu’est-ce que la « contribution exceptionnelle » que le président de la République souhaite imposer aux grands groupes réalisant des superprofits ?
« Il faut entendre ce besoin de justice », a affirmé Emmanuel Macron, en réaction à la mobilisation contre la réforme des retraites. Dans un entretien diffusé mercredi 22 mars sur TF1 et France 2, le chef de l’État a redit sa volonté que la loi contestée entre en vigueur d’ici la fin de l’année, arguant qu’elle était « nécessaire » pour assurer l’équilibre du régime par répartition.
Réouverture des négociations sur le partage de la valeur
Selon lui, « ce qu’on entend dans la rue, c’est aussi des protestations sur le travail ». Pour y répondre, le président de la République souhaite réengager le dialogue avec les syndicats, en remettant notamment sur la table la question du partage des richesses au sein de l’entreprise.
« Quand on voit de grandes entreprises qui ont des revenus exceptionnels et qui les utilisent pour racheter leurs actions, je demande au gouvernement de travailler sur une contribution exceptionnelle quand il y a des profits exceptionnels (…) Les entreprises doivent distribuer davantage à leurs salariés », a indiqué Emmanuel Macron.
Des rachats d’actions record en 2021 et 2022
En 2022, les entreprises du CAC40 ont racheté leurs propres actions à une hauteur de 23,7 milliards d’euros. Un niveau comparable à 2021, année record avec 23,8 milliards d’euros, selon les données du spécialiste de la finance Vernimmen. Des rachats qui leur permettent de redistribuer des fonds à leurs actionnaires, en plus des dividendes. Un procédé qualifié de « cynique » par le chef de l’État.
Quelle forme pourrait prendre cette « contribution exceptionnelle » ? Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a avancé la piste d’un « doublement des sommes versées au titre de la participation, de l’intéressement ou des primes défiscalisées », dans les entreprises de plus de 5 000 salariés « qui font du rachat d’actions ».
Vers une loi sur le partage de la valeur
En renvoyant à une négociation avec les partenaires sociaux, le gouvernement rouvre ainsi le dossier du partage de la valeur, qui a déjà fait l’objet d’un accord entre syndicats (à l’exception de la CGT) et patronat, en février. Sa principale visée : étendre les mécanismes de redistribution des richesses, de type intéressement, participation ou prime de partage de la valeur, à davantage de collaborateurs, et en particulier aux entreprises de moins de 50 salariés. Ce texte devrait être retranscrit sous peu dans une proposition de loi.
Reste à savoir si elle intégrera cette nouvelle disposition sur le rachat d’actions : « Nous avions déjà en tête d’aller plus loin que l’accord de février en proposant le versement d’une superparticipation en cas de superprofits (…) La référence aux rachats d’actions est une bonne idée, car cela concerne des entreprises qui ont du cash disponible parce qu’elles dégagent d’importants bénéfices », a réagi Louis Margueritte, député Renaissance, à la tête de la mission d’information sur le partage de la valeur, interrogé par Les Échos.