Productivity score : comment Microsoft a dû faire marche arrière
C’était la dernière bonne idée venue tout droit de la Silicon Valley : utiliser Microsoft 365 pour tracker les données des salariés.
Contre toute attente, l’idée n’a pas séduit tout le monde et les militants engagés pour la protection des données n’ont pas tardé à alerter sur cette fonctionnalité qui permettait, entre autres, aux managers de surveiller l’activité de chaque collaborateur.
Microsoft agrégeait ainsi un ensemble de données, notamment l’activité mail ou la connexion à Teams, pour créer un score de productivité, sous la forme d’un pourcentage. Mais ce n’est pas tout : par défaut, le manager pouvait creuser les données de chaque collaborateur (73 critères répartis sur différentes catégories) : qui est le moins actif dans les groupes de discussion ? Qui est le cancre de l’envoi de mail ? Qui semble trop peu actif sur les documents partagés ?
Pourquoi c’est problématique ?
Wolfie Christl, le militant à l’origine du coup de projecteur sur le productivity score, pointait notamment le plus évident des problèmes : la surveillance de données personnelles non anonymisées. Mais l’exploitation de données enregistrées par des logiciels pour analyser les performances individuelles interpelle aussi sur un glissement des pratiques et une industrialisation des activités de bureau, conduite par la data.
Ce qu’en disait Microsoft
La firme américaine parlait d’évaluation et de non de surveillance et rappelait que les paramètres permettaient d’ajuster les options de protection de la vie privée, la mission étant confiée à l’administrateur du système.
Et comment Microsoft a été contraint de réagir
Suite aux réactions provoquées par le productivity score, Microsoft a annoncé hier que les employeurs n’auraient plus accès aux données individuelles des salariés. Fini le tableau de surveillance associant le nom de chaque collaborateur à toutes ses données, la nouvelle version promet des données agrégées sur 28 jours et à l’échelle de l’organisation. Jared Spataro, vice-président de Microsoft 365, a également annoncé que l’interface utilisateur serait modifiée pour rappeler la raison d’être du productivity score : mesurer l’adoption d’une technologie au niveau de l’entreprise, et pas au niveau individuel.
Sur Twitter, Wolfie Christl s’est réjouit de ce changement tout en appelant à la vigilance, car le productivity score nouvelle version ne serait que « la partie émergée de l’iceberg ».
However, it’s important to understand that the new ‘productivity score’ tool is just the tip of the iceberg.
Microsoft provides usage data for many of its enterprise products in a way that can be exploited for employee monitoring, or is designed for this purpose.
— Wolfie Christl (@WolfieChristl) December 1, 2020