« Les morts au travail, ce n’est pas une fatalité » : 5 actions pour limiter les accidents
Le ministère du Travail a lancé mi-octobre une campagne de sensibilisation nationale dédiée à la prévention des accidents du travail graves et mortels.
Des spots TV et radio, des affiches, un slogan « La sécurité au travail, c’est chaque jour que l’on doit y penser », un site internet dédié : jusqu’au 27 novembre, le ministère du Travail et de l’Emploi déploie une vaste campagne d’information et d’incitation à l’action pour mieux prévenir les accidents du travail graves et mortels.
Chaque jour, deux personnes meurent au travail et plus de 100 sont blessées gravement, selon des données CNAM et MSA. En 2022, près de 560 000 accidents du travail ont été déclarés, dont plus de 38 000 ont laissé des séquelles durables pour la victime. Près de 789 travailleurs salariés sont décédés au travail, dont 43 jeunes de moins de 25 ans.
« Chaque mort au travail est un échec collectif »
« Ces chiffres ne sont pas des statistiques, commente le ministère du Travail. Ils représentent des vies brisées, des familles endeuillées et des collectifs de travail traumatisés par des accidents qui auraient dû être évités. Chaque mort au travail est un échec collectif. »
« Les morts au travail, ce n’est pas une fatalité ! », écrit la ministre du Travail et de l’Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, dans un post LinkedIn accompagnant des photos de sa visite sur un chantier. Elle souhaite notamment tirer les enseignements de la charte Paris 2024, qui était la première charte sociale mondiale couvrant un événement sportif, pour rendre les lieux de travail moins accidentogènes.
« L’animation de la charte et le suivi régulier des actions dans le cadre du comité, sous la présidence de Bernard Thibault et Dominique Carlac’h, a contribué à une politique active de prévention des risques professionnels, témoigne le ministère de la rue de Grenelle. Cette approche collective a permis d’examiner les situations de travail et l’exposition des salariés de manière très opérationnelle. Ces actions ont ainsi contribué à la sensibilisation des maîtres d’ouvrage et la prévention des risques professionnels. Des campagnes de sensibilisation ont été également organisées par l’inspection du travail. » Autant d’actions qui ont permis de diviser par quatre le nombre moyen d’accidents sur les chantiers des sites olympiques.
Revue de bonnes pratiques pour mieux prévenir les accidents du travail
Dans les entreprises, « l’élaboration de toute démarche de prévention doit associer le comité social et économique (CSE), le salarié désigné compétent ainsi que l’ensemble des salariés. L’employeur peut également solliciter d’autres acteurs : le service de prévention et de santé au travail, la caisse d’assurance retraite et de santé au travail (Carsat), l’agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail (Aract) », précise le ministère.
Voici les principales mesures de prévention à adopter :
– impliquer les RH dans les actions de communication interne
Des recruteurs aux personnes en charge de la formation des salariés, les RH doivent être impliquées dans les actions de sensibilisation et d’information des collaborateurs, aux côtés du personnel d’encadrement, des représentants du personnel et des services de prévention et de santé au travail.
« En complément des obligations de formation et d’information qui incombent à l’employeur, le développement d’une culture et d’une démarche de prévention efficace au sein d’une entreprise est facilitée par la mise en place d’actions de communication, qui peuvent être assurées par les services RH, à destination du personnel et visant à faire passer les messages de prévention, détaille le ministère. Cette communication doit pouvoir favoriser l’échange et l’écoute des collaborateurs, être claire et pédagogique, via différents supports selon l’enjeu et le sujet (réunions, affichages, communications écrites telles que la lettre d’informations…). Il est possible de s’appuyer sur la documentation et les ressources produites par les acteurs de santé au travail au niveau national et local (Cnam et Carsat, services de prévention en santé au travail, Dreets, OPPBTP, Anact et Aract…). »
– procéder à l’évaluation des risques auxquels les salariés sont exposés au quotidien
A titre d’exemple, pour des travaux en milieux naturels à haut risque, comme l’installation d’une via ferrata à flanc de montagne par des cordistes, « il est nécessaire de réaliser des études géotechniques avant et pendant les travaux pour s’assurer notamment de la résistance des parois rocheuses servant de support d’amarrage aux cordistes. Elles permettent également de s’assurer que les cordistes ne sont pas exposés à un risque de chute de blocs qui pourraient venir les percuter », peut-on lire sur le site du ministère.
– s’assurer de la conformité des équipements et installations de travail
Dans le cas de travaux d’abattage d’un arbre, l’employeur doit notamment s’assurer que les travailleurs portent des équipements de protection individuelle adaptés et qu’un périmètre de sécurité d’au moins deux fois la hauteur de l’arbre à abattre a été mis en place.
– adapter les lieux de travail afin que les salariés puissent réaliser leurs tâches en sécurité
Cela passe par des réflexions sur l’éclairage, les flux de personnes, d’engins et de matières, l’accès aux installations pour la maintenance, l’ambiance acoustique, les conditions thermiques, la qualité de l’air, etc.
« Par exemple, pour prévenir les chutes de hauteur à travers des matériaux fragiles en toiture : des dispositifs simples et peu onéreux peuvent être mis en place pour éviter l’accident mortel tels que la mise en place de protections collectives (installation de grilles en sous-face ou de garde-corps) », illustre le ministère.
Autre exemple, cette fois pour prévenir les écrasements ou les heurts de salariés par des engins mobiles (chariot automoteur…) : « L’entreprise peut concevoir ou adapter les locaux à la circulation d’équipements de travail, en organisant les flux (zones de circulation, état des sols, signalisation…) et en protégeant les piétons par des obstacles matériels, comme des barrières. »
– informer et former les salariés sur les risques pour leur santé et leur sécurité
Le ministère préconise de porter « une attention particulière aux nouveaux arrivants, et aux jeunes, intérimaires et CDD. Pour cela, les employeurs doivent mettre en place une formation générale à la sécurité qui détaille les précautions à prendre. »