Peut-on parler politique au bureau ?
Crise, chômage, retraite, parité, Europe… A moins d’un an des élections présidentielles, les sujets de discussion politique sont légion. D’ailleurs les Français, passionnés par les affaires publiques, ne peuvent pas résister à en parler en dehors de la sphère privée. Ils sont 57% à en discuter sur leur lieu de travail, selon un sondage OpinionWay pour les éditions Tissot, publié mercredi. Les plus férus sont les cadres (63%) et les fonctionnaires (62%). Mais les salariés prennent des pincettes. La grande majorité d’entre eux juge ainsi inacceptable de dire à leur collègues pour qui voter (60%), d’afficher un poster ou un badge (81%) ou encore d’animer une réunion défendant tel candidat ou parti (85%). Les femmes sont encore plus réticentes, 50% d’entre elles parlent politique contre 65% des hommes. « Pour 31% des salariés, la politique est un terrain glissant », estime le sociologue Ronan Chastellier interrogé par les Editions Tissot. Ils craignent notamment de voir leur « promotion bloquée, leur augmentation annulée ou encore un licenciement », poursuit le sociologue.
Quels sont les risques à parler politique entre collègues ?
Une tiédeur qui se traduit par le faible pourcentage de salariés abordant des sujets politiques avec leur supérieur hiérarchique (29%) ou avec leurs clients (15%). Pourtant, les risques de sanction sont limités, voire nuls. Le Code du travail protège en effet la liberté d’expression des salariés. Ils ne peuvent donc être licenciés pour leurs opinions politiques. Un employé victime de ses prises de positions peut d’ailleurs « demander sa réintégration dans la société et des dommages et intérêts à l’entreprise », détaille Isabelle Vénuat, juriste en droit social aux Editions Tissot. Cette liberté a cependant des limites. Il y a abus « si le militantisme du salarié crée un trouble caractérisé ou perturbe le fonctionnement de l’entreprise, c’est le cas s’il empêche les salariés de travailler », poursuit Isabelle Vénuat.
De quoi parlent les salariés ?
Sans surprise, les discussions politiques des employés reflètent leurs préoccupations au quotidien. Ils sont 81% à évoquer le maintien ou non du système des retraites ou encore la modification de l’âge légal de départ à la retraite. Les conditions de travail sont également un sujet récurrent : 73% des sondés s’expriment sur la pénibilité, le stress et le harcèlement au travail. Le temps de travail est aussi source de discussions : 72% discutent du maintien ou non des 35 heures. En ces temps de crise, la répartition des profits est également évoquée par 70% des salariés. Autant de sujets qui promettent de beaux débats lors des pauses déjeuners, même si pour 60% des salariés, les discussions politiques ne changent rien à leur propre conviction.
Sondage réalisé, pour les Éditions Tissot, auprès d’un échantillon représentatif de 1.013 salariés et fonctionnaires, âgés de 18 ans et plus, interrogés en ligne; du 21 au 29 septembre 2011. © Edyta Pawlowska – Fotolia.com