Recrutement : un marché moins tendu, au plus bas depuis la crise sanitaire
Selon les derniers chiffres de la Dares, le bilan est plus que contrasté.
La stagnation du marché de l’emploi se poursuit en France. C’est ce que constate la Dares * dans une nouvelle note sur le marché du travail publiée ce mercredi. Au 4e trimestre 2023, l’emploi salarié privé tout comme l’activité étaient quasiment stables. Un ralentissement constaté sur une année marquée par un contexte inflationniste, avec 113 800 créations nettes d’emploi contre près de 350 000 en 2022. La contraction de l’emploi intérimaire depuis la fin 2021 n’y serait pas non plus étrangère (-8,0 % entre décembre 2021 et décembre 2023) constate la Dares, de même qu’un fléchissement des entrées en apprentissage sur lesquelles le gouvernement compte depuis quelques années pour muscler les chiffres de l’emploi.
Le taux de chômage en augmentation chez les jeunes femmes
Autre constat, le taux de chômage augmente sur un an (+0,4 point), en particulier chez les femmes pour qui la part d’emploi à temps partiel a également grimpé. Chez les 15-24 ans, notamment, le taux de chômage des femmes est passé de 14,8% en 2022 à 16,7% alors que les hommes de la même catégorie d’âge ont été 0,5% de plus à trouver un emploi.
France Travail (ex-Pôle emploi) a également vu le nombre de demandeurs d’emploi augmenter pour le deuxième semestre consécutif, dans l’ensemble des régions de France métropolitaine avec 62 700 inscrits en catégories A, B, C en plus à la fin du 2e semestre par rapport au 1er semestre. Cette hausse est principalement portée par la catégorie B (+6,1 %), et, dans une moindre mesure, la catégorie A (+0,7 %), précise la Dares.
La construction toujours en pénurie de main d’œuvre
Dans le même temps, certains secteurs voient leurs tensions de recrutement légèrement s’atténuer après le pic de 2022. La proportion d’entreprises concernées par des difficultés de recrutement décroit rapidement dans l’industrie (-4 points entre octobre 2023 et janvier 2024, à 54 %) et dans les services (-7 points, à 44 %), pour le cinquième trimestre consécutif. Un mieux qui ne touche cependant pas la construction, dont 79% des entreprises déclarent être concernées par un manque de main d’œuvre.
Les postes à pourvoir en baisse dans les grands secteurs
En parallèle, note la Dares, la demande de travail des recruteurs diminue. Un constat visible auprès de France Travail, qui note une baisse du nombre d’offres d’emploi (-5,8 % au 4e trimestre 2023) et du taux d’emplois vacants. Une détente qui concerne les entreprises de 10 salariés ou plus, du secteur privé (hors agriculture, particuliers employeurs et activités extraterritoriales).
Pour rappel, un emploi dit « vacant » est un poste libre, nouvellement créé ou inoccupés, ou encore occupé et sur le point de se libérer et concerne un CDI, comme un CDD, un emploi saisonnier ou même de courte durée. Au global, le taux d’emplois vacants s’élevait à 2,1% au 4e semestre, une baisse de 0,1 point sur le trimestre et de 0,4 point sur un an. Une baisse qui concerne tous les grands secteurs note la Dares, toutefois plus marquée dans l’industrie (–0,4 point) que dans la construction, le tertiaire marchand et le tertiaire non-marchand (–0,1 point chacun).
Dans le détail, on compte près de 332 000 emplois vacants au 4e trimestre dans ces entreprises, soit une baisse de 6% par rapport au trimestre précédent. Un recul particulièrement marqué dans l’industrie (-18%). Une amélioration à toutefois tempérer si l’on regarde les chiffres pré-crise sanitaire : les postes à pourvoir ont augmenté de 52% par rapport au 4e trimestre 2019.
Mauvaise nouvelle pour les demandeurs d’emplois envers qui la pression étatique devrait continuer d’augmenter, trois semaines après la déclaration de politique générale du Premier ministre Gabriel Attal, lors de laquelle il a réaffirmé la volonté du gouvernement d’« aller plus loin dans la réforme de l’assurance chômage », lutter contre « les trappes à inactivités » et « désmicardiser la France ».
* Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques