Le slow management, une alternative durable
Face à la course effrénée à la rentabilité, à la croissance au culte du » toujours plus vite » qui s’insinue dans tous les pans de la société, la philosophie du slow invite à explorer de nouvelles pistes, y compris dans le monde du management.
Avant il y avait le « fast-food », maintenant il y a le « slow food ». Pour le management c’est la même chose : oublions un moment le modèle du fast-management qui brise les salariés et épuise les ressources naturelles, pour nous tourner vers le slow-management. Mais c’est quoi concrètement le slow management ?
Sortir de l’impasse grâce au slow
Pour le savoir il suffit de prendre le temps de consulter le livre dédié à ce sujet qui vient de sortir aux Editions Pearson. Un ouvrage collectif qui explique dans le détail le fondement de la philosophie slow, pensée comme une alternative globale au système économique actuel dont le seul but est la croissance infinie, peu importe le coût humain, environnemental ou technologique.
Selon les chantres du slow, une autre économie serait ainsi possible. Une bioéconomie, fusion de l’économie et de l’écologie, qui prendrait en compte l’héritage que nous laissons aux générations futures.
Les auteurs de « Slow management, entreprendre la transition » l’affirment : le fast management est une impasse. « Le fast management, toujours à la poursuite de davantage de productivité, a tendance à remplacer les humains par des machines avec des conséquences profondes sur la manière de traiter des humaines comme des ressources censées produire de la performance ». D’où le concept de « ressource humaine » qui considère que n’importe quel salarié est remplaçable… Le constat est sévère et lucide mais ne s’arrête pas là.
Des applications concrètes
Dans la troisième partie du livre en effet, les auteurs détaillent les applications concrètes du slow management dans différentes fonctions de l’entreprise. Par exemple dans la comptabilité qui peut intégrer la dimension de capital humain et de capital naturel pour dresser le bilan de l’écosystème de l’entreprise. Dans le management des personnes, le slow encourage à prendre en compte chaque individu. De la mesure de l’atmosphère, à la prise en compte des risques psycho-sociaux en passant par une politique de bien-être au travail, le slow management est finalement assez dans la tendance des préoccupations actuelles de nombreux managers et professionnels des RH. Sauf qu’il faut aller plus loin en appliquant notamment une « tolérance zéro envers un mode de management contraire à la dignité des personnes » et importer des valeurs éthiques dans l’organisation : équité dans les équipes, reconnaissance et respect.
Le livre s’attarde aussi sur l’application du slow dans le système informatique. Dans ce domaine, les auteurs préconisent avant tout de miser sur l’ouverture des logiciels et des systèmes d’information. Une ambition qui rejoint largement la philosophie de l’open source.
Slow management ou pas, on reste finalement dans le domaine du management. C’est cette limite qui est abordée dans une conclusion assez critique qui a le mérite d’ouvrir de nouvelles portes. Le slow management comme alternative n’est pas juste là pour corriger les excès du management classique, c’est un « pas de côté », une autre vision des choses – peut-être un peu utopique – qui permet de penser différemment l’organisation du travail en entreprise. Bref, une bonne lecture d’été pour les managers et dirigeants !
- « Slow management – Entreprendre la transition » par Claudio Vitari, Arvind Ashta, Marjolijn Bloemmen, Roxana Bobulescu, Diana Bratu, MichelLepesant, Isabelle Né, Nhu Tuyên Lê. Editions Pearson (collection Village mondial) 244 pages, 23,75 euros.