Le revenu de base, bientôt une réalité dans 18 départements ?

En janvier 2019, les parlementaires débattront d’une proposition de loi, déposée par 18 départements socialistes, visant à tester un revenu de base. Ce sujet n’est pas vraiment nouveau : en 2017, le candidat malheureux Benoît Hamon en avait fait un point clé de son programme présidentiel. Mais bien avant lui, l’Etat du Manitoba l’a testé de 1968 à 1980, tout comme les Etats-Unis, en Alaska, la Namibie, l’Inde, le Koweït ou encore Singapour et le Brésil.La chercheuse Evelyn Forget, économiste et professeure à l’université de Manitoba a expliqué au podcast Freakonomics, qu’au Canada le bilan avait été globalement positif : les bénéficiaires n’ont pas moins travaillé, mais mieux vécu, et les coûts des soins de santé y ont reculé. Au Brésil, la forme de revenu universel testé a aussi permis de réduire considérablement la pauvreté, selon la Banque mondiale.

Pourtant, malgré ces succès, le revenu universel ne fait pas consensus au sein de la classe politique. Toujours au Canada, alors que le nouveau gouvernement de l’Ontario voulait  re-tester un tel dispositif, les autorités ont annoncé qu’il serait remplacé par d’autres aides. La justification est que ce « projet de recherche qui vient en aide à moins de 4000 personnes n’est pas la solution (…) n’offre aucun espoir aux près de deux millions d’Ontariens et d’Ontariennes qui sont pris au piège du cercle vicieux de la pauvreté », selon la ministre des Services à l’enfance et des services sociaux et communautaires. De même, en Finlande, le gouvernement conservateur n’a pas renouvelé l’expérience démarrée en 2017. Quelque 2 000 personnes au chômage tirées au sort avaient perçu 560 euros par mois pour une durée de 2 ans , même si elles retrouvaient un emploi. Pourtant, le gouvernement veut privilégier d’autres mesures en faveur de l’emploi.

Le plus souvent, ce qui coince c’est l’attribution de ce revenu : doit-il vraiment être universel et être versé sans contrepartie ? C’est le modèle dit des « surfeurs de Malibu ». Ont-ils le droit de percevoir un revenu sans être productif ? Son montant aussi pose problème : est-il juste qu’un jeune parisien célibataire touche la même somme qu’une famille dans le Larzac ?

En France, on en est où ?

Dans le cadre de son plan pauvreté, Emmanuel Macron a dévoilé en septembre dernier sa mesure phare : « le revenu universel d’activité ». Comme son nom l’indique, ce revenu n’a rien d’universel mais se limitera à une fusion d’aides existantes : le revenue de solidarité active (RSA), l’aide au logement (APL) et la prime pour l’activité.

La proposition déposée par les départements socialistes va au-delà de ce qui s’apparente à une simplification administrative. En principe, il s’agira d’une aide sociale comprise entre 550 et 740 euros et limités aux revenus inférieurs à 1 600 euros. En cas d’adoption, le test durerait trois ans pour un coût estimé à 18 millions d’euros. A ces débuts, il pourrait concerner 60.000 bénéficiaires. Ce revenu de base est « un pacte social qui pourrait améliorer la vie de tous, à commencer par celle des travailleurs », et il constituerait « un nouveau pilier de notre sécurité sociale », ont déclaré les deux présidents des groupes socialistes de l’Assemblée Nationale et du Sénat.

Si ce texte passe, ce serait une première vraie expérimentation en France. Pour l’heure, il est est déjà possible de tenter sa chance auprès de l’association Mon revenu de base (MRDB). Présenté sur son site Internet comme un « un projet d’étude citoyen », l’association reverse à des personnes tirées au sort la somme de 1.000 pendant 12 mois, soit 12.000 euros au total. Cette somme est collectée via une campagne de crowdfunding et ensuite reversé à un bénéficiaire tiré au sort. Le but : « estimer le potentiel de cet outil dans la lutte contre les inégalités ». Comme nous l’expliquait Virginie Codina, membre de l’association : « Rares sont les personnes à répondre qu’elles en profiteront pour ne rien faire. Au contraire, elles estiment que ces 1000 € seront utilisés pour payer les études de leurs enfants, améliorer leurs conditions de vie, lancer un projet professionnel… » Et vous, que feriez-vous avec 1 000 euros par mois ?

Bien s’équiper pour bien recruter