Le microcrédit, solution miracle au chômage ?
En 2010, le microcrédit a permis de financer la création de davantage d’entreprises et de générer plus d’emplois qu’en 2009 selon l’Adie et France Initiative, deux réseaux associatifs spécialistes du microcrédit destinés aux publics qui en sont d’ordinaire exclus. « Plus de 37.000 emplois ont été ainsi créés ou maintenus » l’année dernière. Aujourd’hui, l’Adie passe à la vitesse supérieure : mi-mars, elle s’est installée pour quelques jours au sein d’une centaine d’agences du service public de l’emploi dans le but d’informer les chômeurs sur le microcrédit personnel. Mais l’initiative fait quelque peu débat…
« Un outil de réinsertion sociale »
« 40% des créations d’entreprises en France sont réalisées par des personnes qui sont au chômage. » Partant de ce constat, Pôle Emploi a décidé de proposer à l’Adie, son partenaire depuis une dizaine d’années, de tenir un stand dans une centaine d’agences en France afin d’informer les chômeurs entre le 14 et le 18 mars dernier. L’objectif : faire connaître le microcrédit personnel aux demandeurs d’emploi (jusqu’à 3000 Euros), qu’ils peuvent utiliser pour financer leur création d’entreprise, se former, retrouver une activité ou se maintenir en activité (financer un permis de conduire, une formation, un déménagement)… Alors la création d’entreprise tendrait-elle à faire partie des solutions d’emploi proposées aux chômeurs ? On dirait bien que oui, même si cela fait bondir certains puisque le résultat est loin d’être garanti.
Des résultats chiffrés…
Mais pour le service public de l’emploi et l’Adie, la méthode a déjà fait ses preuves. Pôle Emploi reconnait que ses équipes « ne peuvent pas tout faire ». Les chômeurs l’auront remarqué. Chiffres à l’appui, l’agence pour l’emploi défend donc l’intérêt de son initiative dans un communiqué : « en 2010, plus de 670 demandeurs d’emploi, tous exclus du prêt bancaire, ont bénéficié de microcrédits professionnels après avoir été orientés vers l’Adie ». Un constat positif fait par d’autres. France Initiative, qui facilite l’accès au crédit bancaire et accompagne les entrepreneurs, a financé près de 18.000 d’entre eux en 2010, soit 10% de plus qu’en 2009. De son côté, France Active a permis à 8809 personnes (+ 41%) de retrouver un emploi en 2010 en favorisant la création de 5890 entreprises (+ 33,7%).
Un investissement à peser
Mais l’autofinancement, pour créer sa boite comme financer sa formation, est-il vraiment la solution ? Il y a peu, Laure Grynbaum, auteure de « Comment rater à coup sur sa création d’entreprise », mettait en garde contre les méthodes du service public de l’emploi « qui propose souvent aux chômeurs qu’il accueille de devenir auto-entrepreneurs » ou de créer leur activité. Une solution de facilité qui ne garantit aucunement les résultats pour le demandeur d’emploi, voire pire. Pour d’autres, proposer le microcrédit aux chômeurs est un moyen de faire » »payer les pauvres » » ou encore d’instaurer un principe de « formation à crédit » … Enfin, le débat fait également rage sur les forums autour du taux d’intérêt appliqué par les organismes de microcrédit, qui peut aller de 9,71 à environ 14% tous taux cumulés. Mais l’on n’a rien sans rien. Ce taux d’intérêt permet en effet à l’Adie de financer ses propres emprunts souscrits auprès des banques afin de pouvoir prêter à son tour.
Débat ou non, il faut avouer que les résultats sont là. Parmi les demandeurs d’emploi financés via le microcrédit : « au bout de deux ans, 68% des entreprises sont toujours en activité et 80% des demandeurs sortent des minima sociaux dans les trois ans… ». Alors pourquoi pas ?
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