Des jeunes salariés de plus en plus souvent absents
La fréquence des arrêts de travail chez les jeunes actifs français est en hausse, selon le dernier baromètre WTW. Comment les employeurs peuvent-ils y remédier ?

L’absentéisme au travail progresse en France. D’après le dernier baromètre WTW*, publié le 2 septembre, le taux d’absentéisme se situe à 5,09% en 2024, contre 4,96% en 2023. « On retrouve des niveaux identiques à la période Covid, qui s’expliquent en grande partie par l’augmentation du nombre d’arrêts de travail de longue durée (notamment ceux de plus de 3 mois et de plus de 6 mois), mais aussi par la hausse de la durée moyenne de ces arrêts (de 21 jours avant 2020 à 24 jours en 2024) », commente Noémie Marciano, directrice de l’activité assurance de personnes de WTW en France.
Cette tendance à la hausse est portée par une augmentation du nombre d’arrêts de travail liés à des troubles psychosociaux (stress, anxiété, burn out…), qui représentent 36% des arrêts de travail prescrits en 2024.
Des arrêts de travail plus courts mais plus fréquents
Plus les collaborateurs sont âgés, plus la durée moyenne de leur arrêt est long : si la moyenne est de 11,1 jours chez les 20-30 ans, elle atteint 45,5 jours chez les 60-70 ans. En revanche, le baromètre souligne que les jeunes s’arrêtent plus souvent que leurs aînés : la fréquence des arrêts au sein de cette catégorie d’âge est en progression de 2,8% sur les deux dernières années : en moyenne, un jeune salarié qui a été absent en 2024 a posé près de deux arrêts maladie dans l’année.
Des chiffres à mettre en regard de l’enquête « Santé mentale des jeunes de l’Hexagone aux Outre-mer. Cartographie des inégalités »**, qui rapporte qu’un jeune sur quatre âgé de 15 à 29 ans souffre de dépression. Autre donnée qui interpelle : 75% de ces jeunes se disent stressés par leur travail.
Quelles actions de l’employeur pour limiter ces absences ?
De quels leviers les employeurs disposent-ils pour améliorer le bien-être de ces jeunes au travail ? « Les jeunes n’ont pas le même rapport au travail que les anciennes générations, note Noémie Marciano. Ceux qui sont entrés sur le marché du travail pendant la crise sanitaire ont remis au premier plan de leurs exigences l’équilibre vie pro/vie perso et souhaitent que leur employeur leur propose une certaine flexibilité, notamment horaire. »
« Animée par un désir d’évolution rapide, cette génération a un besoin accru de reconnaissance et d’accompagnement », ajoute-t-elle. Les entreprises ont donc tout intérêt à adapter leurs pratiques managériales à ces nouvelles attentes si elles ne veulent pas courir le risque de voir leurs collaborateurs se désengager et, à terme, s’absenter de leur travail.
Autre sujet crucial à ne pas négliger : l’onboarding de ces collaborateurs qui font parfois leurs premiers pas sur le marché du travail. « C’est essentiel de donner à ces jeunes une culture du collectif, à plus forte raison dans les entreprises qui ont généralisé le télétravail et où les équipes sont moins présentes au bureau », constate Noémie Marciano.
Enfin, l’employeur a également un rôle à jouer en matière de prévention des risques qui peuvent survenir lors des trajets domicile-travail : « Alors que ce chiffre était en régression lors des dernières années, on constate une hausse du nombre d’accidents de trajet chez les jeunes en 2024. Ils y sont particulièrement exposés en raison de l’adoption d’une mobilité plus diversifiée (trottinette, vélo, scooter…), d’un usage intensif du smartphone qui amoindrit la vigilance pendant les déplacements et d’une fatigue accrue. Pour limiter ces accidents, l’entreprise peut sensibiliser ses collaborateurs sur les risques liés à un manque de sommeil, à l’utilisation des écrans ou encore à la sécurité routière. »
*Enquête réalisée sur un panel de 1 952 sociétés observées sur 5 ans, ce qui concerne 431 981 salariés, à travers les données issues des Déclarations Sociales Nominatives (DSN).
**Enquête menée au printemps 2025 auprès de 5 633 jeunes âgés de 15 à 29 ans représentatifs de la population française, y compris dans les Outre-Mer.