Les auto-entrepreneurs, pigeons de l’Etat ?

00autoentrepreneurtriste2 mUn vent de colère souffle sur les réseaux sociaux. Depuis l’annonce vendredi dernier d’un « alignement » du régime de cotisation sociale des auto-entrepreneurs sur celui des travailleurs indépendants, un mouvement spontané s’est en effet créé pour dénoncer la « mise à mort » des auto-entrepreneurs (AE). Sur Facebook et Twitter, Defense Pigeons appelle ainsi à manifester le week-end prochain pour soutenir le statut particulier des AE.
Les plus farouches opposants à cette modification de leur fiscalité ont même choisi de remplacer la photo de leur avatar par celle d’un pigeon et postent des commentaires assassins ou inquiets. « Des pigeons qui ne veulent pas de blé, juste survivre », écrit par exemple FranceLibre ou encore : « ce matin à Rungis, le cours du pigeons a chuté », s’alarme Vincent Leroux… Complainte poujadiste alors que ce statut était décrié comme « une concurrence déloyale » avec les artisans depuis sa création en 2009 ? Du côté du gouvernement qui lance aujourd’hui un audit sur ce régime, on parler plutôt « d’équité ». D’ailleurs, les avantages fiscaux et les démarches simplifiées propres aux auto-entrepreneurs sont inchangés.

Dans le détail, les cotisations progresseront « de 2 à 3 points selon le statut » et « pour les activités de vente, le taux de cotisation d’un autoentrepreneur passera de 12 % à 14 %, de 18,3 % à 21,3 % pour une activité libérale et de 21,3 % à 24,6 % pour les activités de service et artisanales », selon Les Echos. Illégitime ? Pas forcément alors que les indépendants vont également subir des hausses de prélèvements avec « les déplafonnements de cotisations maladie, cotisations retraite, etc », poursuit le quotidien économique. Dans tous les cas, si un AE gagne zéro, il continuera de payer zéro…

Dans 90% des cas, le Smic salaire des AE

00pigeons Si l’annonce de la mesure passe mal c’est peut-être parce que les auto-entrepreneurs ne roulent pas sur l’or. Fin septembre, une étude de l’Insee détaillait le revenu des AE. Dans 90% des cas, ils gagnent moins que le Smic et s’ils sont « proches des créateurs d’entreprises ‘classiques’ par leurs caractéristiques, ils tirent de leur activité un revenu très inférieur : en moyenne, 4 300 euros de revenu annualisé la première année, soit trois fois moins que les créateurs classiques », écrivait l’Institut. Pour l’Etat, cette modification du statut permettrait une économie de 130 millions d’euros en compensant le manque à gagner pour la Sécurité sociale. Mais là encore, l’argument passe mal. En effet, le régime assurance maladie des AE ne serait pas déficitaire.

« Participer à l’effort demandé à l’ensemble du pays »

D’autres spécificités pourraient expliquer le mécontentement des AE, comme le fait qu’un tiers d’entre eux sont d’anciens chômeurs ou encore parce que l’auto-entreprenariat constitue un complément de revenu pour 90% des fonctionnaires qui ont choisi de créer leur entreprise. Mais si vendredi dernier la Fédération des auto-entrepreneurs criait à la « mort » du statut, le président de l’Union des auto-entrepreneurs s’est voulu plus optimiste. Pour son président, François Hurel, il est nécessaire de « regarder plus attentivement le projet. Mais il n’est pas illogique qu’on demande aux auto-entrepreneurs de participer à l’effort demandé à l’ensemble du pays. Si on leur demande un effort, c’est qu’on les reconnaît ». Une « reconnaissance » d’ailleurs annoncé par l’actuel président de la République. Lors de la campagne présidentielle, il avait en effet dit vouloir corriger certaines « dérives » propres à ce statut.

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Bien s’équiper pour bien recruter