Ils se sont formés pour retrouver du travail
Le temps se fait parfois long pour les personnes en recherche d’emploi. Se former peut alors être la bonne solution pour retrouver un travail. Mais si la formation est souvent présentée comme la solution miracle, sa mise en pratique est parfois bien plus compliquée qu’il n’y paraît. Aurélie, Camille, François, Amandine et Karine ont accepté de revenir sur leur parcours et de nous livrer leurs conseils pour ne pas se décourager. Les démarches ont été longues mais tous sont plutôt positifs après leur expérience.
Pourquoi se former ?
« Imaginez-vous ne plus stresser le dimanche soir parce qu’il faut retourner travailler le lundi ? Aller travailler avec le sourire ? » C’est l’une des raisons qui a poussé Aurélie, 30 ans, à se former pour changer de métier. Mais pas seulement. Titulaire d’un BTS Assistante Secrétaire Trilingue en 2004, elle a enchaîné les CDD et voyant son secteur de plus en plus bouché, elle a décidé de se reconvertir. Aujourd’hui développeuse web en contrat de professionnalisation, elle a délibérément opté pour une formation en alternance : « lors de mes précédentes expériences, j’ai bien vu que la pratique est très importante pour les employeurs » explique-t-elle.
Auparavant Directeur des Ventes au sein d’une société spécialisée dans l’information inter-entreprises, François, 41 ans, a connu une période de chômage en 2009 après avoir quitté son entreprise suite à un désaccord avec son employeur. Il a alors utilisé son DIF pour se remettre à niveau en anglais et ainsi favoriser son employabilité. « Dans mon cas » explique-t-il, « sur les postes en direction commerciale, la pratique de l’anglais était très souvent un prérequis mais je n’avais jamais eu le temps pour cela, trop noyé dans mon quotidien. »
Se former est aussi une nécessité, notamment pour retrouver un emploi après un licenciement. Camille, 24 ans, est préparatrice en pharmacie diplômée depuis 2007. Embauchée en CDI après son diplôme puis licenciée économiquement un an après, elle a signé un CTP : un contrat de transition professionnelle (maintenant appelé CSP). « Tous les 15 jours, j’avais rendez-vous avec une conseillère pour définir mon projet professionnel, trouver des pistes de formations… » raconte-t-elle. Puis elle a décidé de reprendre ses études. Le licenciement, Amandine, 36 ans, mariée et mère 2 enfants, l’a elle aussi connu. Après avoir été accompagnée par un cabinet dans le cadre d’un plan de reclassement, elle a fait plusieurs formations en comptabilité pour se remettre à niveau et retrouver du travail. Elle a apprécié le système de reclassement qu’elle a trouvé « plutôt simple ». « Vous êtes rémunérée par l’entreprise et en contrepartie vous devez chercher un emploi. Et si vous avez des questions, votre interlocuteur du cabinet d’accompagnement est là pour vous répondre » explique-t-elle.
La dure réalité du marché du travail
Karine 40 ans, 3 enfants a elle opté pour une reconversion après avoir travaillé 8 ans comme conseillère auprès de l’Assédic. Elle a ainsi profité de son congé parental pour se réorienter. Si comme pour Aurélie ou Camille, l’alternance lui semblait être la meilleure solution, impossible de trouver un employeur malgré « une cinquantaine de candidatures ». « Mon âge était un frein car la société devait me payer plus cher qu’un jeune alternant. De plus, l’organisme de formation n’était pas aidant. » Elle a donc opté pour une formation RH auprès du Cnam, via des cours par correspondance. Mêmes difficultés pour sa recherche de stage : « J’ai été cataloguée : femme au foyer, 40 ans, issue de l’administration publique… J’ai dû prouver ma motivation à 200% ! » Accompagné(e) ou non, il ne faut rien lâcher. « Il faut être très réactif » conseille Amandine. « Il est également important de contacter régulièrement les cabinets de recrutement et agences d’intérim pour ne pas se faire oublier. »
Pas toujours facile de repartir de zéro
Pour Karine, actuellement en stage au sein d’un cabinet de recrutement pour valider sa formation, la difficulté est financière puisque les indemnités de stage ne couvrent pas les frais de garde de ses enfants.
François, qui a repris le chemin de l’école en 2009, a dû s’adapter à ce nouvel environnement : « J’étais dans un groupe perfectionnement composé principalement de jeunes ayant entre 22 et 25 ans » explique-t-il. « C’est un peu dur à 38 ans et en même temps assez ludique, de se remettre à apprendre comme un étudiant ! » Se former lorsqu’on a une famille implique des aménagements et des sacrifices. « D’un point de vue logistique, la formation avait lieu à 1h30 de chez moi. J’étais donc seul pendant la semaine, ce qui était compliqué pour ma femme avec 2 enfants en bas âge » se souvient François.
Amandine a apprécié cette mise à jour de ses compétences, d’autant plus qu‘ »il y a souvent des nouvelles règles en matière de comptabilité, de social et de fiscalité ». Mais elle a elle-aussi dû s’organiser au niveau logistique : « j’étais obligée d’aller à Paris car les programmes proposés par les organismes de formation à Rennes ne correspondaient pas à mes attentes ».
Se former, et après ?
Actuellement en BTS d’un an, Camille, la jeune préparatrice en pharmacie, a cette fois « bien étudié » les débouchés possibles avant de se lancer dans une nouvelle voie. Elle déplore cependant un manque d’informations : « ce n’est pas facile de trouver la bonne formation car il y a très peu de renseignements en général » explique-t-elle. Elle terminera son BTS en juin 2013 et souhaite s’orienter vers le métier de technicienne de laboratoire en biologie.
Suite à ses 5 formations en comptabilité, Amandine a quant à elle trouvé un poste en intérim de comptable générale dans un grand groupe du BTP fin 2012. Karine cherche actuellement un emploi de chargée de recrutement. Elle envisage cependant de poursuivre un master en parallèle pour évoluer et avoir plus d’options quant à sa future orientation de carrière.
Ironie du sort, François, qui souhaitait se performer en anglais, est aujourd’hui le directeur commercial d’une PME dans l’Ouest dans laquelle la pratique de l’anglais n’est pas indispensable. Mais ses démarches furent néanmoins riches d’enseignements : « Une période d’inactivité est anxiogène et souvent très mal subie. Il faut donc profiter de ce moment pour faire les choses que nous n’avons pas le temps de réaliser dans notre quotidien d’actif » conseille-t-il.
« Ne compter que sur soi-même et foncer! »
Si tous ont avancé depuis le démarrage de leur formation, leur parcours n’a pas toujours été simple. Mais pour Aurélie la développeuse web « cela vaut vraiment le coup ! Elle a opté pour l’alternance car ce dispositif comporte certains avantages à ne pas négliger comme « les aides financières que l’entreprise pourra avoir en vous prenant ». Idem pour Camille qui a choisi « une formation assez courte après laquelle on peut facilement obtenir un travail. »
Certes, l’emploi n’est pas toujours immédiatement au rendez-vous, mais pour autant, « il ne faut pas se démotiver si on ne trouve pas rapidement du travail » explique Amandine. La formation est un apport sur le long terme. « Faire une formation permet d’être plus rapidement opérationnelle à un nouveau poste » selon Amandine. Pour Karine, la future chargée de recrutement, c’est « un investissement sur l’avenir et une étape nécessaire pour un nouveau départ ». Et pour elle « apprendre un nouveau métier, retourner sur les bancs de l’école est toujours enrichissant ».
Cependant, patience et motivation sont les maîtres mots. « Il faut être patient. Mais si le projet professionnel est bien ciblé et que la motivation est là, il ne faut pas hésiter » rappelle Camille. Personne ne vous livrera votre parcours de formation clés en mains. Pour François le directeur commercial, « il ne faut pas attendre des organismes publics et parapublics qu’ils soient moteurs concernant votre formation. Il faut être acteur et leur amener les solutions ». « En bref, il faut se vendre ! » résume-t-il. Karine, elle, conclut par ce simple conseil : « il ne faut compter que sur soi-même et foncer ! ».