5 prédictions sur ce que l’IA va changer dans le métier de recruteur

Jeudi 13 novembre, recruteurs, cabinets et éditeurs de solutions RH se sont réunis pour parler IA et recrutement au TalentLab futur. Voici ce que Helloworkplace en a retenu.

David Arnoux TalentLab du futur
David Arnoux, co-fondateur de Humanoidz et fondateur de GenAI Circle, sur la scène du TalentLab futur, à Paris, le 13 novembre. © Helloworkplace

La plupart des recruteurs sont montés en marche dans le train de l’IA, propulsé à plus grande vitesse par l’IA générative. En 2025, 78% d’entre eux disent l’utiliser dans le cadre de leur métier (contre 39% un an plus tôt), selon une enquête Hellowork*. L’adoption de cette technologie a un impact sans précédent sur la transformation des processus de recrutement, les interactions avec les candidats et le métier de recruteur en lui-même. Des réflexions qui étaient au cœur de la 1ère édition du TalentLab futur, l’événement organisé par le fondateur des Talents Narratifs, Laurent Brouat, qui s’est tenu à Paris le 13 novembre.

Prédiction n°1 : l’IA ne va pas remplacer les recruteurs

Comme de nombreux collaborateurs, le recruteur peut légitimement se poser cette question : à force d’automatiser ses tâches, le périmètre de son poste ne va-t-il pas se réduire comme peau de chagrin, au point de disparaître au bout d’un certain temps ?

Tout dépend de l’état d’esprit avec lequel on aborde cette technologie, explique David Arnoux, co-fondateur de Humanoidz et fondateur de GenAI Circle : « Votre sort dépendra de si vous savez nager dans la mer IA, prendre la vague ou non. Il y a deux réactions possibles des salariés face à l’IA : ceux qui y voient une menace pour leur emploi et ceux qui perçoivent l’IA comme une opportunité d’amplifier la créativité humaine à une échelle impossible autrement. »

« Ce n’est pas l’IA qui supprime les emplois, rappelle-t-il, ce sont les directions des entreprises. » Et de citer deux stratégies totalement différentes : celle d’Amazon, qui a annoncé, le 28 octobre dernier, 14 000 suppressions de postes dans le monde liées à l’essor de l’IA, et celle de Walmart, qui vient de conclure un partenariat avec OpenAI pour proposer à l’ensemble de ses salariés un programme de certification IA gratuit et personnalisé.

« L’IA ne peut pas nous remplacer si on est meilleur qu’elle. Notre responsabilité de recruteur, aujourd’hui, est d’aller challenger l’IA en exerçant notre esprit critique », estime Marion Cosar, directrice générale de l’Ecole du Recrutement.

Prédiction n°2 : les entreprises vont d’abord automatiser les tâches à fort impact et faciles à déployer

L’erreur consiste à vouloir automatiser tout, trop vite. Pour avancer avec méthode, Vanessa Perillat, VP Talent Acquisition chez SFEIR, conseille d’identifier dans son équipe recrutement « des champions » : les novateurs et les premiers adoptants de l’IA. « Avec eux, j’ai organisé des ateliers pour lister nos tâches. Pour savoir sur lesquelles l’IA pouvait nous apporter le plus de valeur, on s’est posé trois questions : cette tâche est-elle chronophage et redondante ? A-t-on besoin que l’humain intervienne dans le process ? Les premiers résultats obtenus grâce à l’IA sont-ils exploitables ? Cela nous a permis d’identifier 30 cas d’usage testés par ces premiers adoptants avant d’embarquer le reste de l’équipe. » Entre mars et septembre 2024, son équipe recrutement est passée de 10% à 90% d’adoption de l’IA.

Autre conseil de David Arnoux : « Focalisez-vous en premier sur les tâches qui auront le plus d’impact (gain de temps, amélioration de la qualité des recrutements, de l’expérience candidat…) et qui vous apparaissent les plus simples à implémenter techniquement. »

Prédiction n°3 : tous les recruteurs ne s’accultureront pas à la même vitesse

« C’est impossible d’embarquer tout le monde au même rythme, constate Vanessa Perillat. La première étape est de se convaincre soi-même, en tant que responsable recrutement, et d’inviter sa direction à mettre elle-même les ‘’mains dans l’IA’’ pour mener correctement le changement. Ensuite, il faut laisser chacun avancer à son rythme : guider les usages, expliquer les bénéfices de l’outil, encourager les tests, former si nécessaire, proposer une bibliothèque d’usages, de prompts… Il faut aussi accepter qu’il restera certainement une part de réfractaires, qui s’y mettront peut-être plus tard. »

Prédiction n°4 : le recruteur va renforcer ses compétences humaines

Paradoxalement, au lieu de nier l’humain, l’IA permettrait au recruteur de développer ses compétences humaines, en réinvestissant le temps gagné sur la relation, son cœur de métier. Que ce soit pour créer un meilleur lien avec le candidat, coacher les hiring managers ou définir la stratégie main dans la main avec la direction. « En 2032, le métier d’un recruteur sera beaucoup axé sur l’évaluation, l’innovation, la créativité et la stratégie », prédit David Arnoux.

Prédiction n°5 : le recruteur du futur sera « augmenté »

« L’IA ne remplacera pas le jugement, l’intuition, l’empathie. Elle libérera simplement le recruteur de la complexité pour qu’il retrouve du sens à sa mission », avance Guillaume Dietrich, Product Director chez Gojob. Les recruteurs de son agence d’intérim disposent d’ores et déjà chacun de leur propre assistant virtuel, qui opère un premier filtre en posant des questions aux candidats. « Dès que l’IA ne sait pas répondre à une question, elle peut interagir avec son recruteur dans Slack, l’objectif étant d’éviter que l’assistant réponde avec des informations qu’il n’a pas ou qu’il invente », explique-t-il.

Quoi qu’il en soit, l’humain continuera d’intervenir à chaque décision prise au cours du processus de recrutement, par souci d’éthique vis-à-vis du candidat, mais aussi pour se conformer à l’IA Act. « Même si l’IA peut permettre d’attribuer une note au candidat sur la base de ses compétences, il n’y a jamais de disqualification du candidat par l’IA », rappelle Julien Lesaicherre, Chief Growth Officer chez Maki People.

Quel futur désirable pour le recrutement ?

Personne n’est évidemment en mesure de dire avec certitude quels seront les effets durables de l’IA sur le métier de recruteur. Ce futur se dessinera en fonction des progrès réalisés par l’IA, de la capacité des professionnels à maîtriser cet outil et des réglementations des différents gouvernements. Ira-t-on vers un agent IA recruteur qui recrute un agent IA candidat ? Une collaboration homme-machine à 50/50 ? Un processus de recrutement plus que jamais « human-first » ? A vous, recruteurs, d’écrire la suite de l’histoire.

*Enquête « IA, GenZ, transparence : ces défis qui attendent candidats et recruteurs en 2026 », réalisée auprès de 2 247 candidats (dont 289 âgés de 16 à 29 ans) et 489 recruteurs, à travers une enquête effectuée en ligne, du 7 avril au 21 mai 2025.

Visuel promo

Bien s’équiper pour bien recruter