Freelances : comment ils gèrent leur quotidien ?
Démarrer et surtout pérenniser une activité en tant qu’indépendant ne s’improvise pas. Une bonne dose d’organisation et un bureau parfaitement aménagé sont les basiques pour se motiver lorsqu’aucune contrainte ne se fait sentir. Mais il faut aussi savoir gérer la partie administrative, endosser à l’occasion une tenue de commercial, de standardiste ou encore de chef de projet… Comment concilier ces différentes activités ? Quatre freelances nous ont ouvert leurs portes et livrent des conseils pour réussir sa création d’entreprise.
De l’importance du réseau
« Quand j’ai quitté mon emploi de salariée, la rupture conventionnelle n’existait pas. Heureusement, j’ai réussi à négocier avec mon employeur pour toucher les Assedic. C’était une première sécurité pour me lancer en tant que graphiste indépendante », explique Isabelle. Son aventure a démarré à Paris après plusieurs années passées en Province. Pour se faire connaître, elle a créé un site présentant son book et s’est inscrite sur différents annuaires professionnels. « Une étape indispensable pour donner de la visibilité à son projet », insiste Joël, prestataire indépendant et créateur de sites Internet depuis plus de 6 ans. Lui a commencé par diffuser un portfolio de ces travaux sur la Toile et s’est recensé sur « toutes les plateformes de freelance. J’ai également appliqué quelques règles de référencement pour mettre toujours plus en avant mon travail ».
Et faire ainsi jouer le réseau. Un vecteur indispensable aux freelances pour exercer. Mais encore faut-il auparavant bien mesurer la viabilité de son projet et s’assurer qu’il existe des opportunités professionnelles dans son domaine. « Pour moi, cela a été relativement simple. Je n’ai même pas fait d’études de marché tant la demande est forte dans le graphisme mais pour d’autres métiers, être indépendant peut s’avérer difficile, d’autant que les entreprises ne sont pas toujours habituées à travailler avec des prestataires », indique fort justement Isabelle.
Indépendants, la France qui se lève tôt ?
Au quotidien, l’activité d’indépendants nécessite également de sérieux efforts d’organisation. Même si elle concède volontiers « travailler en chausson », Steren, chargée de webmarketing, s’est fixée « dès le lancement de son activité l’obligation de réaliser des horaires du bureau. Et ce de 9 heures à environ 18h-18h30. C’est une habitude que j’ai conservée pour me caler sur le rythme de travail des clients et aussi pour ne pas me dé-sociabiliser. Bien sûr, j’ai souvent tendance à déborder le soir et les week-end ! ». Frédéric, blogueur professionnel depuis 2007, est, lui, un lève-tôt. « Je suis debout dès 5h30 – 6 heures du matin. Aussitôt, je commence par traiter les messages arrivés durant la nuit, avant de commencer ma revue de presse. Ensuite, j’écris jusqu’à midi, sans aucune interruption. Le début d’après-midi, je le consacre à toutes les différentes démarches administratives : devis, factures, etc., puis je retourne écrire. Je fais une courte pause vers 18h30 et je termine souvent mon travail aux alentours de 21 heures ».
Tous n’ont pas ce rythme de stakhanoviste. Isabelle est prête vers 9 heures du matin. Mais là encore, « il faut éviter de commencer trop tard pour ne pas être réveillée par l’appel d’un client. Ça ne donnerait pas une très bonne image ». Joël préconise également de ne pas débuter « trop tard ». Sa journée type ? « La lecture des mails, la vérification de ma to-do-list de la veille et ensuite je traite les dossiers par ordre de priorité ». Pour Sterenn, un rappel des choses à faire est aussi un « excellent moyen de travailler. Je fais le point en fin de journée, comme ça je suis efficace dès que je commence une nouvelle journée ».
Aménager son bureau, à domicile ou à l’extérieur ?
Etre régulier au quotidien n’est pas un rythme toujours facile à prendre et encore moins à conserver quand on travaille à domicile. « Tout le monde n’a effectivement pas les moyens d’investir dans une maison pour s’aménager un espace de travail. Pourtant, il est indispensable de trouver un espace séparé du reste du logement, conseille Frédéric. Une pièce vide, une cave, des combles ou même un espace de jardin ! Enfin en s’assurant d’avoir quand même les basiques à disposition : téléphone, internet, électricité… » Un conseil partagé par Sterenn : « à mes débuts, je n’étais pas vraiment organisée, je n’avais pas d’espace de travail dédié. Au fur et à mesure, la nécessité d’avoir un lieu attitré à mon activité s’est imposé. J’ai donc fini par aménager une partie de mon appartement en espace de bureau pour avoir un vrai cadre de travail. D’ailleurs je n’ai pas à me plaindre : j’ai vue sur la terrasse ! »
Pour Isabelle aussi il a fallu revoir ses habitudes. « Au départ, j’étais seule dans un appartement de 15m2 et quand on travaille dans son salon, il est difficile de distinguer vie pro et vie privée. J’ai donc fini par louer un bureau à l’extérieur. Ça a changé beaucoup de choses : ma vie sociale s’est améliorée, et même au niveau des clients c’est un plus. En effet, un bureau est perçu comme un gage de sérieux. D’une certaine façon, cela prouve que vous avez les reins solides et que votre activité ne cessera pas du jour au lendemain ».
De la rigueur, encore de la rigueur
Comment lutter contre les petites tentations du quotidien quand aucun chef ne surveille son activité ? A écouter les entrepreneurs, la réponse est simple. « En tant qu’indépendant, vous êtes à la fois commercial, standardiste, chef de projet… Donc pour mener à bien toutes ces activités, il ne me semble pas vraiment possible de se laisser aller à regarder la télévision ou à repousser en permanence les choses à faire », explique Joël. Même son de cloche pour Frédéric : « la gestion d’une entreprise ne se limite (malheureusement) pas à son activité. Il faut être capable de s’occuper de tous ces petits tracas administratifs qui ont très souvent tendance à planter complètement sa productivité. C’est pourquoi je coupe ma journée en plusieurs tranches bien distinctes. Et parfois il faut faire des concessions et oublier la notion de week-end, voire de vacances… »
Un sacerdoce la vie d’entrepreneur ? Bien au contraire, les freelances que nous avons interrogés font preuve d’optimisme. « C’est une aventure extrêmement positive, lance Sterenn. On s’enrichit face à des situations complexes qu’il faut gérer et cela apprend à relativiser ». « Pour rien au monde je ne retournerai à la vie de salariée, poursuit Isabelle. Je peux prendre mes vacances quand je veux, je peux prendre un jour de repos en fonction de mes impératifs personnels et en plus je gagne mieux ma vie ! » Un luxe que lui envieraient de nombreux salariés.
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- Joël Rotelli est prestataire web indépendant depuis 2006 et réalise tous types de sites web sur mesure. Spécialisé dans le CMS Drupal, il propose des services de maintenance, de création et de développement sur mesure via cette solution open-source. Vous pouvez le suivre sur son blog et Twitter.
- Frédéric Pereira, 32 ans, blogueur spécialisé dans le high-tech et plus précisément dans le web et dans les technologies nomades. Le contacter via Twitter : et/ou Facebook.
- Depuis 2008, Isabelle Gatzler est graphiste freelance dans les domaines de l’impression, le web et l’illustration. Communication, édition, et création de sites clés en main via wordpress. Plus d’infos sur son site