Les Français sont-ils toujours des champions de la productivité ?

En France, la productivité du travail peine à retrouver son niveau pré-crise sanitaire.

Le niveau de productivité en France est en baisse depuis la crise sanitaire.
Le niveau de productivité en France est en baisse depuis la crise sanitaire. © Conseil national de productivité

« La productivité française parmi les plus élevées au monde », « Les Français, rois de la productivité en Europe »… Longtemps les titres de presse ont encensé l’efficacité des travailleurs de l’Hexagone qui semblait forcer l’admiration au-delà de nos frontières : comment le pays des 35h et des pauses déjeuner à rallonge faisait-il pour produire autant de richesses ?

Si, en effet, la France affichait, de 1986 à 2004, la productivité horaire la plus élevée de tous les pays de l’OCDE, depuis la crise sanitaire, celle-ci est en perte de vitesse. Selon le dernier rapport du Conseil national de productivité, publié lundi 23 octobre, la productivité du travail demeure en-deçà de sa tendance pré-Covid.

Une hausse de l’emploi plus rapide que celle de l’activité

Au troisième trimestre 2022, la productivité par tête se situe à un niveau inférieur de 6,4% à sa tendance avant la crise sanitaire (entre 2010 et 2018), selon les calculs de la Dares. La baisse de la productivité à court terme s’explique en grande partie par une hausse de l’emploi plus rapide que celle de l’activité. En effet, quand la croissance observée en France au deuxième trimestre 2023 est en baisse de quatre points par rapport à la tendance pré-Covid, le taux d’emploi a, lui, progressé de 1,5 point entre fin 2019 et fin 2022. Cette hausse est largement influencée par le succès de l’alternance : les entrées en apprentissage sont passés de 305 000 en 2017 à 830 000 en 2022, d’après la Dares.

Or, ces alternants, « bien qu’étant en études sont comptabilisés comme des salariés à temps complet, de façon mécanique, leur contribution effective à la production de l’entreprise est donc proportionnellement moindre que celle des autres salariés. Par ailleurs, étant moins expérimentés, à qualification initiale égale, que les autres salariés de l’entreprise, leur productivité est souvent inférieure à celle du reste des salariés », notent les auteurs du rapport.

« L’effet négatif de l’essor de l’apprentissage sur la productivité du travail serait avant tout conjoncturel, l’effet devant être positif à plus long terme grâce à l’expérience professionnelle accumulée par les apprentis », précisent-ils ensuite.

L’impact de la hausse des prix de l’énergie

Autre facteur important à prendre en compte : l’augmentation des prix de l’énergie. Celle-ci joue un rôle crucial sur la productivité, que ce soit à court terme dans un contexte de crise énergétique, ou à plus long terme avec l’augmentation des prix de l’énergie que devrait induire la transition écologique. Entre 2019 et 2022, le prix du gaz a augmenté de plus 560% et celui du pétrole de 77%, engendrant une hausse des coûts de production pour les entreprises.

Elles ont alors eu tendance à réduire leur production et leurs investissements qui conduisent à des améliorations de la productivité. À plus long terme, l’impact de l’augmentation des prix de l’énergie sur la productivité pourrait être positif à condition que les entreprises aient la capacité d’investir et d’innover.

Enfin, la France voit aussi son taux d’absentéisme constamment augmenter depuis 2019. Il a atteint, en 2022, 5,64%, contre 4,78% il y a trois ans, selon l’enquête IFOP/Diot-Siaci, ce qui en fait le taux le plus élevé en Europe.

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