Ces entreprises britanniques licencient leurs salariés pour les réembaucher à des conditions moins avantageuses
Le « fire and rehire », pratique qui consiste à licencier un collaborateur pour le recruter à nouveau avec de moins bonnes conditions de travail, a pris de l’ampleur outre-Manche depuis le début de la pandémie.
Se séparer d’un salarié pour le réembaucher ensuite à des conditions de travail moins avantageuses : c’est la solution, peu louable, privilégiée par certaines entreprises britanniques pour faire des économies. Si le procédé n’est pas nouveau au Royaume-Uni, il est en pleine expansion dans le contexte économique actuel.
Il consiste à licencier un collaborateur et à ne le recruter à nouveau que s’il accepte, par exemple, de travailler plus d’heures à salaire égal ou la suppression de la majoration des heures travaillées le week-end ou les jours fériés.
De grandes entreprises comme British Airways, les supermarchés Asda et Tesco ou le fournisseur d’énergie British Gas ont eu recours à cette technique controversée du « fire and rehire ».
1 salarié sur 10 concerné
Au total, près d’un employé sur dix aurait déjà fait les frais de cette méthode, selon un sondage réalisé par le syndicat Trade Union Congress début 2021. La pratique n’est pas illégale en Grande-Bretagne. Mais le fait que les entreprises qui s’y prêtent aient droit aux aides versées par l’Etat pour compenser leur baisse d’activité la rend particulièrement insoutenable pour les salariés lésés.
Un sentiment d’injustice renforcé par des décisions moralement inacceptables : neuf des treize entreprises adeptes du « fire and rehire » ont réalisé, dans le même temps, des bénéfices et ont vu les rémunérations de leurs dirigeants augmentées, selon une enquête du journal Observer.
Face à l’indignation des syndicats et de l’opposition travailliste, le Premier ministre, Boris Johnson a qualifié la pratique « d’inacceptable ». Des propos nuancés par son sous-secrétaire d’État parlementaire aux Petites entreprises, aux Consommateurs et aux Marchés du travail, qui estime que les entreprises « en réelle difficulté financières ont besoin de flexibilité dans les termes et conditions (du contrat) pour sauver autant d’emplois que possible ».
Une pratique transposable en France ?
En France, le « fire and rehire » est hautement improbable car les conditions du licenciement sont plus réglementées. Ainsi, s’il est possible de licencier un salarié sans motif et de lui verser de faibles indemnités outre-Manche, ce n’est pas le cas en France.
Le droit du travail français établit que le motif du licenciement doit reposer sur des causes réelles et sérieuses. Si le salarié conteste ce motif, il peut saisir le conseil des Prud’hommes. En cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse, l’article L 1235-3 du Code du Travail dispose que le juge peut prononcer la réintégration du salarié au sein de l’entreprise avec le maintien des avantages qu’il a acquis.
S’il refuse de travailler à nouveau pour son ancien employeur, l’entreprise devra lui verser une indemnité qui ne peut être inférieure aux salaires bruts des 6 derniers mois pour le salarié ayant au moins 2 ans d’ancienneté et travaillant dans une entreprise d’au moins 11 salariés.
De quoi dissuader les employeurs français d’imiter leurs voisins britanniques !