L’entreprise idéale : les multiples contradictions des étudiants
Les Y ont à nouveau droit à une étude. Cette fois, il n’est pas question de déterminer s’ils sont égoïstes et opposés à la hiérarchie mais de s’interroger sur leur vision de l’entreprise parfaite. Pour autant, leurs réponses éclairent encore un peu mieux cette génération aux attentes parfois contradictoires. Le travail doit ainsi être réalisé en équipe (88%) mais le bureau semi-fermé est plébiscité par la majorité d’entre eux, détaille l’étude menée par le cabinet Deloitte en partenariat avec JobTeaser.
Les étudiants veulent également se sentir intégrés à un groupe tout en réclamant une forte autonomie au quotidien. Leur vision du manager idéal est, elle aussi, multiple. Pour 67% d’entre eux, ses principales qualités sont relationnelles plutôt qu’organisationnelles avec un management participatif plutôt que directif. Mais le manager devra également être organisé et structuré (29%) ainsi qu’enthousiaste et communicatif (21%). « Ce sont les traits caractéristiques de la Génération Y (…), elle ne considère pas que l’autorité vienne uniquement de la compétence ou de l’expertise, mais elle attend de leurs managers qu’ils leur fassent confiance, et soient à l’écoute. Les entreprises devront modifier leur mode de management pour arriver à conserver les talents », explique Nicolas Lombard, cofondateur de JobTeaser. Même l’argent ne suffira pas, semble-t-il, à fidéliser les meilleurs : la majorité des étudiants cite l’intérêt du travail et le développement des carrières comme les deux premiers facteurs d’attractivité en entreprise.
Plus d’équité dans les rémunérations
Question paie justement, deux tiers des futurs salariés souhaitent être associés aux bénéfices de l’entreprise et ils estiment que l’écart maximum entre les mieux et les moins bien payés ne doit pas dépasser un rapport de 1 à 10. Une équité qui ne masque pas l’envie d’être reconnu selon leurs compétences par le salaire. Pour Gabriel Bardinet, Manager Capital Humain chez Deloitte, « le salaire idéal devra reconnaître la performance de chacun avec une rémunération variable de l’ordre de 25 à 30% du salaire de base ce qui est nettement supérieur à ce qui se pratique en début de carrière où le bonus est de l’ordre de 5 à 8% maximum du salaire de base ».
Comment organiser le travail pour les Y ?
La taille de l’entreprise compte également pour les étudiants. Ni trop petite, ni trop grande, 41% d’entre eux aspirent travailler dans une entreprise de taille moyenne. Mais qui leur offre un environnement international : 27% des étudiants envisagent leur avenir professionnel à l’étranger. « On voit ici tout le paradoxe et les contradictions de cette génération qui souhaite évoluer dans une entreprise de taille moyenne mais à dimension et vocation internationales », analyse Gabriel Bardinet. Ici et ailleurs, les étudiants envisagent également de travailler en entreprise tout en bénéficiant d’une forte flexibilité entreprise/domicile. « Le poste idéal est un poste polyvalent nomade mais intégré au sein d’une équipe, si possible internationale, et avec des horaires flexibles permettant de s’adapter aux contraintes personnelles », perçoit Nicolas Lombard.
Pas sûr que le monde du travail sache trouver la réponse à ces multiples attentes. Pour autant, l’entreprise peut déjà mieux appréhender leurs souhaits en comprenant leur recherche d’individualisation en proposant davantage de parcours adaptés aux attentes de chacun, estiment les auteurs de l’étude. Il faudra aussi que les organisations jouent encore plus avec les outils et espaces collaboratifs et apprennent à développer un management plus participatif.
- Crédit photo Group of young people in business training, Shutterstock
Étude réalisée auprès de 1065 étudiants au travers d’un sondage en ligne