Les dossiers brûlants qui attendent le nouveau ministre du Travail

Retraites, assurance-chômage, emploi des seniors… la feuille de route du nouveau ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, est exigeante.

Le budget du ministère du Travail est en hausse en 2024.
Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a été nommé ministre du Travail et des Solidarités, au sein du gouvernement Lecornu II. © Florence Piot/stock adobe.com

Les ministres valsent mais les dossiers restent sur le bureau de la rue de Grenelle. Le 12 octobre, Jean-Pierre Farandou a succédé à Catherine Vautrin à la tête d’un ministère du Travail et des Solidarités. À peine nommé au sein du gouvernement Lecornu II, le nouveau ministre va devoir se retrousser les manches. Rompu au dialogue social, le président sortant de la SNCF pourra mettre à profit ses qualités de fin négociateur pour trouver un chemin sur nombre de sujets épineux.

Réforme de retraite : vers une suspension ?

À commencer par la réforme des retraites de 2023, au centre des débats politiques et budgétaires. Jean-Pierre Farandou devra trouver un compromis entre une gauche et des syndicats qui réclament la suspension de la réforme et une droite qui fait de l’application de celle-ci une condition indispensable de son soutien au nouveau gouvernement. Le nouveau ministre pourra miser sur son expérience du terrain pour convaincre les partenaires sociaux : il était précisément aux premières loges lors de la grève des cheminots de 2023 contre la réforme des retraites qui a acté le recul de l’âge légal de départ à 64 ans. Pour apaiser leur colère, et permettre aux Jeux olympiques de se dérouler dans un climat social serein, il avait négocié avec les syndicats un accord sur les fins de carrière à la SNCF. Ce texte, signé par les quatre syndicats représentatifs, a ouvert la voie à des départs anticipés en fonction de la pénibilité du poste. À l’époque, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire avait critiqué cet accord, lui reprochant de contourner la réforme des retraites.

Une réforme de l’assurance-chômage à haut risque

Le nouveau ministre prendra également le relais sur la réforme de l’assurance-chômage. Cet été, le gouvernement Bayrou avait demandé aux partenaires sociaux d’engager de nouvelles négociations à ce sujet. Dans la lettre de cadrage qui leur avait été transmise début août, plusieurs mesures étaient évoquées en vue de réaliser des économies de 2 à 2,5 milliards d’euros, entre 2026 et 2029 : l’augmentation du nombre de mois travaillés pour bénéficier des droits au chômage, une réduction de la durée maximale d’indemnisation par France Travail ou encore un durcissement des conditions d’indemnisation en cas de rupture conventionnelle. Autant de sujets explosifs déjà à l’origine d’une rentrée sociale mouvementée.

La fin du parcours législatif du projet de loi sur l’emploi des seniors

Jean-Pierre Farandou devra également accompagner le dénouement du parcours législatif du projet de loi sur l’emploi des seniors, le dialogue social et les transitions professionnelles, qui devait initialement être définitivement adopté fin septembre ou courant octobre. Concernant les seniors, ce texte prévoit notamment :

  • un entretien de mi-carrière rénové et un entretien RH supplémentaire dans les deux ans précédant les 60 ans du salarié ;
  • l’instauration d’un contrat de valorisation de l’expérience, un CDI dédié aux demandeurs d’emploi de 60 ans et plus (accessible dès 57 ans en cas d’accord de branche) ;
  • un temps partiel de fin de carrière ;
  • des aménagements facilitant la retraite progressive ;
  • des obligations de négociation renforcées dans les branches et les entreprises de plus de 300 salariés sur l’emploi des seniors.

Du côté du dialogue social, le projet de loi prévoit de supprimer la limite de trois mandats successifs pour les élus du CSE dans les entreprises de 50 salariés et plus afin d’encourager la continuité de l’engagement de ces derniers.

Enfin, pour faciliter les transitions professionnelles, le projet de loi prévoit de :

  • remplacer l’entretien professionnel par un entretien parcours professionnel, davantage orienté vers les perspectives d’évolution, qui se déroulerait tous les quatre ans, contre deux aujourd’hui ;
  • fusionner différents dispositifs de reconversion (Transitions collectives et Pro-A) en une « période de reconversion » plus lisible pour tous.

Transparence des salaires : une loi d’ici la fin de l’année ?

Enfin, le ministre du Travail sera à la manoeuvre pour transposer la directive européenne sur la transparence des rémunérations. Le calendrier présenté en juin par le ministère du Travail prévoyait un examen du projet de loi de septembre à novembre 2025, en vue d’une publication au Journal officiel du décret d’application en janvier ou février 2026. Si les dernières réunions ont été reportées en raison de la crise politique, le texte européen doit nécessairement être transposé en droit français d’ici le 7 juin 2026.

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Bien s’équiper pour bien recruter