Les dossiers brûlants qui attendent le nouveau ministre du Travail
Assurance-chômage, emploi des seniors, transparence des salaires… la feuille de route du nouveau ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, est exigeante.
Les ministres valsent mais les dossiers restent sur le bureau de la rue de Grenelle. Le 12 octobre, Jean-Pierre Farandou a succédé à Catherine Vautrin à la tête d’un ministère du Travail et des Solidarités. À peine nommé au sein du gouvernement Lecornu II, le nouveau ministre va devoir se retrousser les manches. Rompu au dialogue social, le président sortant de la SNCF pourra mettre à profit ses qualités de fin négociateur pour trouver un chemin sur nombre de sujets épineux.
Une réforme de l’assurance-chômage à haut risque
Le nouveau ministre prendra également le relais sur la réforme de l’assurance-chômage. Cet été, le gouvernement Bayrou avait demandé aux partenaires sociaux d’engager de nouvelles négociations à ce sujet. Dans la lettre de cadrage qui leur avait été transmise début août, plusieurs mesures étaient évoquées en vue de réaliser des économies de 2 à 2,5 milliards d’euros, entre 2026 et 2029 : l’augmentation du nombre de mois travaillés pour bénéficier des droits au chômage, une réduction de la durée maximale d’indemnisation par France Travail ou encore un durcissement des conditions d’indemnisation en cas de rupture conventionnelle. Autant de sujets explosifs déjà à l’origine d’une rentrée sociale mouvementée.
La fin du parcours législatif du projet de loi sur l’emploi des seniors
Jean-Pierre Farandou accompagne également le dénouement du parcours législatif du projet de loi sur l’emploi des seniors, le dialogue social et les transitions professionnelles. L’Assemblée nationale a définitivement adopté, le 15 octobre, le projet de loi sur l’empoi des seniors. Ce texte prévoit notamment :
- un entretien de mi-carrière rénové et un entretien RH supplémentaire dans les deux ans précédant les 60 ans du salarié ;
- l’instauration d’un contrat de valorisation de l’expérience, un CDI dédié aux demandeurs d’emploi de 60 ans et plus (accessible dès 57 ans en cas d’accord de branche) ;
- un temps partiel de fin de carrière ;
- des aménagements facilitant la retraite progressive ;
- des obligations de négociation renforcées dans les branches et les entreprises de plus de 300 salariés sur l’emploi des seniors.
Transparence des salaires : une loi d’ici la fin de l’année ?
Enfin, le ministre du Travail sera à la manoeuvre pour transposer la directive européenne sur la transparence des rémunérations. Le calendrier présenté en juin par le ministère du Travail prévoyait un examen du projet de loi de septembre à novembre 2025, en vue d’une publication au Journal officiel du décret d’application en janvier ou février 2026. Si les dernières réunions ont été reportées en raison de la crise politique, le texte européen doit nécessairement être transposé en droit français d’ici le 7 juin 2026.
La réforme des retraites suspendue
Dossier hautement explosif, la réforme des retraites ne figurera finalement pas à l’agenda du nouveau ministre. Mardi 14 octobre, lors de son discours de politique générale, le Premier ministre, Sébastien Lecornu a dit qu’il proposerait sous peu au Parlement de suspendre cette réforme controversée jusqu’à la prochaine élection présidentielle. Une annonce visant à sauver son gouvernement d’une motion de censure immédiate. Conséquence : l’âge légal de départ à la retraite sera donc gelé à 62 ans et 9 mois jusqu’en 2028. Cette suspension devrait représenter un coût de 400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard d’euros en 2027. « Elle devra être compensée financièrement, y compris par des mesures d’économies », a prévenu Sébastien Lecornu.