Des bullshit jobs plus que jamais d’actualité

Décédé début septembre, David Graeber s’était fait connaître du grand public en 2011, à l’occasion de Occupy Wall Street. Quelques années plus tard, celui qui se revendiquait anarchiste montrait du doigt les bullshit jobs.

bullshit jobs
"Je ne comprends absolument rien, mais je suis très très content" © Andrey Popov - stock.adobe.com

Ce sujet des bullshit jobs est particulièrement d’actualité tant la période du confinement a été l’occasion d’une remise en question pour de nombreux salariés. Dans ce contexte de crise sanitaire, l’inutilité de ces « jobs à la con » semble d’autant plus marquée qu’elle est mise en regard du caractère indispensable d’autres métiers, notamment ceux de la santé et du soin.

Des métiers inutiles, voire pire

David Graeber a commencé par publier un premier article sur le sujet dans une revue britannique, article qui avait suscité de très nombreuses réactions. Ce sont ces commentaires et discussions qui lui ont servi de base pour définir les cinq catégories de bullshit jobs résumées dans son livre :

  • le larbin, qui n’existe que pour confirmer l’importance d’une structure ou d’une personne,
  • le porte-flingue, dont le métier est d’inciter à consommer ce qui n’est pas indispensable,
  • le rafistoleur règle en boucle des problèmes qui pourraient se résoudre définitivement par une évolution structurelle,
  • le cocheur de cases fait des reportings qui n’auront d’incidence sur rien,
  • les petits chefs vont en réunion, font des plannings et donnent des ordres.

Ces bullshit jobs sont donc à l’opposé de tous les métiers applaudis pendant le confinement, personnel soignant, mais aussi éboueurs ou hôtes de caisse.

Prendre le care comme nouveau paradigme

Au-delà du personnel soignant, David Graeber envisage le care comme une nouvelle grille de lecture du monde du travail. En français et selon Wikipedia, l’éthique de la sollicitude « valorise l’idée et le fait de vivre ensemble « , elle est née des travaux de Carol Gilligan au début des années 80.

Pour David Graeber, cette notion de care est fondamentale, comme il l’expliquait dans un entretien à Libération en 2018 : « Je pense qu’il faut d’abord prendre le care comme paradigme, lire l’ensemble du travail à travers cette question. Car même lorsque vous fabriquez une voiture, c’est parce que vous voulez aider les gens, leur permettre de se déplacer « . David Graeber suggère donc d’attribuer plus d’intérêt au fait que que nous nous consacrons essentiellement à l’entretien des choses (ce qui fait partie de la notion de care) plutôt qu’à leur production et leur consommation.

Cette notion de care et cette théorie des bullshit jobs ne sont qu’un mince aperçu des travaux de Graeber, que le New-York Times compte parmi les intellectuels les plus influents du monde anglo-saxon. Pour continuer d’explorer sa pensée, ouvrez par exemple « Bureaucratie, l’utopie des règles » ou « Dette : 5000 ans d’histoire ». Bonne (re)découverte !

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Bien s’équiper pour bien recruter