Comment devenir journaliste sportif ?

Les passions jouent un grand rôle dans le métier que l’on rêve d’exercer un jour. Footballeur, chanteur, archéologue ou encore vulcanologue, les vocations des plus jeunes rejoignent souvent leur passe-temps favori. Mais avec beaucoup d’efforts et de travail, certains arrivent à leurs fins. Le métier de journaliste sportif fait partie de cette catégorie de métiers qui font envie à beaucoup d’étudiants. Mais comment parvenir à décrocher un poste dans un univers aussi concurrentiel ? Grégory Massart s’est penché sur ce sujet et propose ses conclusions dans un livre intitulé « Comment devenir journaliste sportif ». Nous l’avons interviewé pour en savoir plus.

 

Quel est votre parcours ?
J’ai fait une Prépa journalisme, un Master journalisme et Sciences Po Lille. Je suis journaliste sportif, j’ai travaillé dans différentes rédactions (Canal+, Orange sport, Lequipe TV, Sport365) et avec différentes fonctions (chef d’édition, journaliste, rédacteur, monteur…).

Vous venez de sortir le livre « Comment devenir journaliste sportif » (Editions Clément). Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous intéresser à ce sujet ?
La difficulté à faire de ce rêve d’enfant une réalité d’adulte. On a tous vibré enfant devant des matchs de tennis, de foot, de rugby, devant le Tour de France, la Coupe du Monde, Roland Garros, les Jeux Olympiques. On a tous aussi tapé dans un ballon, une balle. Ce sont également des moments de partage entre amis, en famille. Le sport est un formidable fédérateur. Les événements sportifs représentent des enjeux importants. Gagner un match, c’est l’aboutissement de toute une équipe, même pour les sports individuels, gagner une médaille, c’est le rayonnement de toute une nation. Le sport véhicule des valeurs humaines très fortes et le journalisme sportif permet de faire le trait d’union entre les spectateurs, les passionnés et les sportifs. C’est un partage, une transmission qui demande beaucoup de qualités, beaucoup de travail. Ce métier est autant intense, passionnant et émouvant qu’il est stressant, complexe et exigeant. Tout le monde n’est pas préparé à cela. C’est un milieu très fermé où les places sont chères. Moi qui connais le milieu de l’intérieur, j’ai voulu le rendre accessible.

« La base du métier : donner du sens à l’information »

Ce métier concerne combien de personnes en France ?
Officiellement, en ne prenant en compte que les journalistes qui détiennent une carte de presse, il y a 3 700 journalistes sportifs (sur 37 000 journalistes en tout). Mais beaucoup n’ont pas de carte de presse. Soit par choix personnel parce qu’ils préfèrent par exemple avoir le statut d’intermittent du spectacle ou de pigiste. Soit parce que les médias pour lesquels ils travaillent ne sont pas reconnus officiellement comme organe de presse.

Quels types de journalistes sportifs existent ? Le métier est-il très différent d’un support à l’autre ?
Il existe de très nombreux types de journalistes sportifs. C’est aussi pour ça que j’ai écrit ce livre. Pour montrer que l’on peut devenir journaliste sportif sans être commentateur. Il y a ceux qui commentent des matches, ceux qui réalisent des reportages (que l’on appelle « sujets »), ceux qui éditent les programmes, les photographes, les JRI, les rédacteurs…Tout est décrit dans le livre. Et évidemment, les métiers et les fonctions varient en fonction des supports. Si la base du métier est la même, donner du sens à l’information, la façon de la traiter est totalement différente. On n’interviewe pas un sportif de la même manière pour la presse écrite, pour la télévision et encore moins pour la radio. Les codes journalistiques ne sont pas les mêmes. Hervé Mathoux (présentateur du Canal + football Club) l’explique très bien dans l’interview que nous avons faite ensemble .

Journalistes-sportifs

Quelles sont les études les plus courantes pour arriver à ce poste ? Y a-t-il un parcours type ?
Les plus efficaces mais les plus dures, ce sont les écoles de journalisme reconnues par la profession. Parce que vous y acquérez un solide savoir-faire et qu’à leur sortie, vous êtes tout de suite opérationnel. L’énorme point positif est que ces écoles ont des partenariats avec des médias, ce qui constitue un véritable coup de pouce dans un milieu a priori très fermé. Mais le journalisme reste ouvert à tout le monde, aux jeunes champions de l’Insep, aux étudiants en communication, aux professeurs de sport, aux passionnés… L’essentiel, c’est d’être rigoureux, exigeant avec soi-même et prêt à se faire une place. En retour, ce métier vous comblera. Combien de personnes peuvent dire « Mon métier me passionne ? » Les journalistes sportifs sont tous des passionnés de sport et des passionnés de leur métier. C’est aussi un métier où vous faites de jolies rencontres car vous êtes amené à côtoyer des gens qui vous font vibrer, des gens, dont vous avez partagé les victoires et les défaites, des gens que vous avez supporté. Ce sont des échanges que vous gardez à vie dans votre mémoire.

On imagine que le réseau a de l’importance pour réussir. Mais à quel point ?
On n’imagine pas à quel point ! Il faut surtout du réseau pour se faire une place. Si on a les compétences et que l’on connaît personnellement une personne qui a le pouvoir de décision pour vous embaucher ou vous faire embaucher, alors votre carrière peut se construire rapidement. Sinon, comme 95% des journalistes, il faudra d’abord passer par la case « pigiste ». Cela peut durer plusieurs années. Il ne faut pas lâcher prise. La motivation est un élément essentiel. Ensuite, une fois que l’on est journaliste, le réseau des acteurs du sport (agents, sportifs) est également essentiel. Si vous pouvez apporter à votre rédaction votre carnet d’adresses, vous serez d’autant plus apprécié !

« On ignore à quel point les meilleurs journalistes sportifs ont aussi une culture générale extraordinaire. Ils mettent au service du sport cette connaissance globale de notre société »

Vous avez interviewé de nombreux journalistes sportifs dans votre ouvrage. Quel est au final leur point commun ?
Leur point commun c’est d’abord leur passion. Ils parlent de leur métier avec le sourire, avec enthousiasme. Ensuite, leurs compétences et le travail qu’il faut faire constamment, presque quotidiennement, pour s’améliorer. Car on apprend toujours, et eux-mêmes le disent, même après 20 ans, 30 ans d’exercice.

Ce métier paraît accessible mais en réalité, il demande une chose innée que tous les stages et les formations du monde ne vous offriront pas : le chromosome journalisme, c’est-à-dire la capacité à bien s’exprimer, à mélanger l’humour, la connaissance et la répartie. La culture sportive, beaucoup l’ont. Mais on ignore à quel point les meilleurs journalistes sportifs ont aussi une culture générale extraordinaire. Ils mettent au service du sport cette connaissance globale de notre société. C’est comme ça qu’ils se démarquent.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui rêve de devenir journaliste sportif ?
De garder ce rêve intact ! Si c’est votre rêve, alors foncez, vous y arriverez. Mais ne cessez jamais de mettre à jour vos connaissances. La culture est indispensable. Restez branché à votre poste, à votre télé, aux chaînes d’infos en continu. Le journalisme c’est un métier où il ne faut jamais décrocher. Ensuite, rencontrez du monde, soyez curieux de la vie, des gens et de notre société. Les portes s’ouvrent à ceux qui savent les ouvrir et qui sont motivés.

Avant de vous lancer, soyez juste certains d’être fort en orthographe, rigoureux et passionné.

Bien s’équiper pour bien recruter