Chômage longue durée #1 : un job à plein temps

Si toutes les situations sont différentes, les personnes en recherche d’emploi ont de nombreux points communs, qui plus est quand la période d’inactivité s’allonge… Des difficultés financières à la perte de confiance en soi, le quotidien des demandeurs d’emploi n’est pas toujours rose. Face à cette situation, chacun met en oeuvre différents moyens pour s’en sortir. A travers 4 billets diffusés cet été sur Mode(s) d’Emploi, plusieurs chercheurs d’emploi nous font part de leur(s) expérience(s), présente(s) ou passée(s) et nous livrent leurs conseils…

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Début juin 2012, le chômage a atteint 10% de la population active en France selon l’Insee, un record depuis 1999 et l’un des plus forts taux d’Europe. Au premier trimestre, 3,5 millions de personnes qui souhaitaient être actives ne travaillaient pas.
Derrière les chiffres, les demandeurs d’emploi prennent la réalité en pleine figure. Au quotidien, ils enchaînent les rendez-vous au Pôle Emploi (quand ils ont la chance d’être régulièrement suivis), doivent se motiver chaque jour malgré le peu d’offres disponibles ou les refus, répondre aux offres d’emploi, relancer leurs candidatures… Mais lorsque le poste tant espéré tarde à se présenter et que les retours des recruteurs se font rares, il y a de quoi se décourager !

Une période à mettre à profit

« Je n’ai pas vraiment profité de moments pour moi, de temps libre, préférant l’action immédiate avec l’obsession de sortir au plus vite de cette situation » explique Bernard Mauriange, ce cadre de 53 ans qui avait affiché son CV en 4×3 dans une rue de Nantes pour trouver du travail. « Il ne faut surtout pas perdre espoir, essayez de faire jouer ses contacts, ne pas se dévaloriser, et continuer de faire des choses, sans arrêt ! » conseille quant à elle Chloé, retoucheuse photo de 29 ans, qui a vécu le chômage pendant un an et demi. « J’ai essayé de monter ma propre entreprise mais cela n’a pu aboutir », explique-t-elle. « Alors je me suis inscrite comme auto-entrepreneure pour proposer des séances photos. »

Pour pallier le sentiment de culpabilité face à cette société qui travaille, les demandeurs d’emploi sont parfois hyperactifs, un comble juge Sylvaine Pascual, Coach en relations humaines et reconversion professionnelle : « Certains billets de blogs ou articles conseillent, pour garder le moral pendant sa recherche d’emploi, de s’imposer une routine, d’être toujours occupé, etc. Je ne suis pas d’accord. Quand on ne travaille pas, on a aussi le droit de se lever tard de temps en temps, de se balader, de ralentir le rythme et de se faire plaisir de plein de manières qui ne coûtent rien. Mais du vrai plaisir, pas de la compensation ! Il donne de l’énergie, et c’est de cela dont ont vraiment besoin les demandeurs d’emploi ! »

Créer son activité ou se reconvertir…

Pour sortir de cette inactivité toute relative, beaucoup caressent l’idée de changer d’orientation, comme Julie : « Après presque un an de chômage, je me dis que je pourrais totalement changer de métier et que les grands diplômes, ça sert désespérément à rien ! Les métiers manuels aujourd’hui sont mieux payés que les métiers tertiaires. » A 30 ans, cette chargée de recrutement est en recherche d’emploi depuis septembre 2011. Avec un diplôme d’ingénieur en poche, on ne lui propose pourtant que le Smic…
Sylvain, responsable marketing ou de chargé d’études de 33 ans, a franchi le pas de la reconversion : aujourd’hui jardinier-paysagiste, il a été au chômage pendant deux ans entre août 2006 et septembre 2008 puis a consacré un an à se reconvertir. « J’ai cherché à rebondir en apprenant un métier technique et manuel » explique-t-il, « chose que personne ne me voyait faire depuis mon enfance ! »
Militaire dans l’Armée de Terre pendant 10 ans, Sylvie, 31 ans, a tout de suite entamé un parcours de formation. Si la reconversion des militaires est plutôt courante, la sienne en tant qu’assistante RH n’a pas été simple « surtout quand on recherche un contrat de professionnalisation et que l’on a plus de 26 ans » précise-t-elle. Au chômage d’octobre 2011 à mai 2012, elle a utilisé cette période pour se former. « La formation est essentielle de nos jours » juge Sylvie. « Elle permet de se remettre en question tout en restant compétitif sur le marché du travail ».

S’inscrire dans une « démarche offensive »

D’autres décident carrément de se démarquer. La candidature de Bernard Mauriange affichée en grand dans une rue de Nantes en novembre 2009 avait fait le buzz. Cette opération lui a fait prendre conscience de l’importance des réseaux, de la nécessité d’être visible. « J’ai ainsi construit mes propres outils et supports (site, blog, réseau sociaux, identité numérique…) » raconte-t-il, « adhéré à diverses associations, consolidé mon anglais, travaillé sur des supports de communication en épaulant un chef d’entreprise, participé à des manifestations variées… »
Une démarche payante puisque Bernard a retrouvé un emploi durable par la suite. Mais il reste réaliste : « Il faut être conscient dès le début que la recherche de la solution est en chacun de nous, dans notre manière d’être, d’affronter la difficulté, de construire un vrai plan d’action, offensif, et de ne rien attendre des autres. »

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