Le nombre de cancers professionnels multiplié par 3 en 20 ans
Le nombre de cancers professionnels est passé de 540 cas en 1998 à 1940 en 2017. La France est l’un des pays les plus touchés d’Europe.
Selon un récent rapport de l’Assurance maladie, le nombre de cancers professionnels a triplé en 20 ans. Il est ainsi passé de 540 cas en 1998 à 1940 cas en 2017. Parmi les cancers professionnels reconnus, la part liée à l’amiante est prépondérante (80 % sur la période 2013-2017).
La métallurgie et le BTP, secteurs les plus concernés avec les grandes entreprises
Les secteurs économiques concernés par des cancers reconnus d’origine professionnelle sont principalement liés à l’utilisation passée de l’amiante. Il s’agit de la métallurgie pour 39 % des cas, du BTP pour 24 % des cas et dans une moindre mesure de l’industrie chimique et du secteur du bois (respectivement 9 % chacun). On constate une surreprésentation des cancers reconnus dans les entreprises employant plus de 250 salariés (43 % des salariés et 53 % des cancers) et une sous-représentation dans les entreprises comptant moins de 10 salariés (19 % des salariés et 10 % des cancers).
La France et l’Allemagne, les deux pays européens les plus touchés
Selon un rapport de décembre 2018 d’Eurogip, les déclarations et les reconnaissances du caractère professionnel des cas de cancers depuis 2005 sont relativement stables au Danemark, en Belgique, Italie et Suède. Elles sont en augmentation en Autriche, Allemagne et Suisse, en lien notamment avec l’inscription de nouvelles pathologies sur leurs listes nationales des maladies professionnelles (exemple du cancer de la peau en Allemagne en 2015).L’Allemagne et la France arrivent de loin en tête du nombre de cas reconnus rapportés à la population assurée, respectivement 15,1 et 11,39 pour 100 000 assurés.Le ratio le plus faible est enregistré en Suède (0,5).
Quelles mesures pour enrayer ce fléau ?
Pour les entreprises, ces cancers coûtent chaque année environ 1,2 milliard d’euros via leurs cotisations accidents du travail et maladies professionnelles. Pour aider les entreprises à mieux protéger leurs salariés, plusieurs actions de prévention et d’accompagnement des entreprises sont proposées par l’Assurance maladie. Au-delà de ces chiffres, une proportion importante de cancers d’origine professionnelle n’est pas déclarée, notamment en raison d’une longue période de latence entre l’exposition aux facteurs cancérigènes et la survenue d’un cancer (de l’ordre de 20 à 40 ans), du caractère très souvent multifactoriel du cancer, de l’absence d’information des médecins traitants sur l’origine professionnelle des cancers, des faibles liens des salariés avec les services de santé au travail, de la méconnaissance des salariés des risques et de leurs droits ou de leur découragement devant la complexité des démarches administratives.