Seulement 3 autoentrepreneurs sur 10 encore actifs après 3 ans
Trois ans après leur immatriculation, seuls 30% des autoentrepreneurs inscrits début 2010 sont toujours actifs sous ce régime selon l’Insee. Ainsi, il semblerait que le statut ne soit pas fait pour être pérenne. Ou que tout soit fait pour qu’il ne le soit pas !
Sur toutes les personnes ayant souscrit au statut, environ 6 sur 10 ont réellement démarré une activité. Et sur ces 62%, la moitié seulement (49%) ont une activité pérenne à 3 ans. C’est moins que les créateurs d’entreprises individuelles classiques de la même génération (62%). Enfin, pour ceux dont ce fut l’activité principale au démarrage, celle-ci devient une simple source de revenu d’appoint quelques années plus tard.
Certains secteurs réussissent aux AE
Comme pour les créateurs d’entreprises classiques, la pérennité dépend de plusieurs facteurs. D’abord, du secteur d’activité. C’est dans la santé humaine-action sociale qu’elle est la plus élevée (71%). À l’opposé, elle est plus faible dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques (45%), le commerce (46%) et la construction (50%), trois domaines qui concentrent pourtant plus de la moitié des immatriculations de 2010. Les artisans du bâtiment n’ont donc finalement pas tant de souci à se faire…
Expérience et disponibilité favorisent le démarrage
La pérennité s’accroît fortement avec l’âge de l’autoentrepreneur, passant de 40% avant 30 ans à 55% au-delà de 50 ans et à 71% pour les 50 ans ou plus. Parmi ces derniers – soit 20% des inscrits – un quart est retraité. Notons également que tous secteurs confondus, les femmes démarrent plus fréquemment leur activité d’autoentrepreneur que les hommes (67% contre 59%). Le démarrage de l’activité d’autoentrepreneur peut être facilité par l’expérience acquise dans le métier et la disponibilité conclut l’Insee, permise notamment par l’absence d’une autre activité rémunérée.
Un CA bien inférieur à celui des créateurs classiques
Les autoentrepreneurs dégagent un chiffre d’affaires beaucoup plus faible que celui des créateurs individuels classiques. Les autoentrepreneurs toujours actifs fin 2013 déclarent en moyenne 10 000 euros en 2012. Les trois quarts d’entre eux réalisent un chiffre d’affaires inférieur à 15 000 euros ; seulement 14% des créateurs individuels classiques sont dans ce cas.
Au delà des seuils du régime fiscal de la micro-entreprises – 32 900 euros annuels de CA pour les professions des services et libérales et des 82 200€ – les AE basculent automatiquement – après une période dite « de tolérance » – vers le régime de droit commun de l’entreprise individuelle (qui est l’imposition au bénéfice réel pour les BIC ou à la déclaration contrôlée pour les BNC). > En savoir plus
Des « poux » dans la tête des AE depuis 2015
Est-ce la chronique d’une mort annoncée ? Depuis la Loi Pinel entrée en vigueur le 18 décembre 2014, le régime de l’AE est bien moins intéressant puisque celle-ci a aligné le statut de l’AE sur le régime de la microentreprise. Les autoentrepreneurs relèvent désormais du RSI, comme les entreprises traditionnelles dont les artisans, en bref, en vrai casse-tête administratif ! Le gouvernement Hollande a également instauré la CFE – Cotisation Foncière des Entreprises – dont doivent s’acquitter les AE réalisant un chiffre d’affaires, dès la 2e année suivant la création du statut. Autre obligation : ouvrir un compte bancaire dédié à l’activité. A ce jour, peu d’AE sont vraiment en règle sur ce point… Sans oublier l’immatriculation obligatoire au Répertoire des Métiers (RM) ou au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS), le Stage Préalable à l’Installation obligatoire pour un artisan autoentrepreneur inscrit après le 1er janvier 2015, la baisse des prestations maladie et maternité, etc. Voilà qui en a découragé plus d’un(e) depuis 2015 !
(Source : Insee)