15% de postes non pourvus : comment renforcer l’attractivité de la fonction publique ?
Les difficultés de recrutement sont encore plus intenses dans le public que dans le privé. Quelles pistes pour renforcer l’attractivité de ces métiers ?

La fonction publique traverse une crise d’attractivité depuis une dizaine d’années. Et la situation n’a fait que se dégrader, faisant peser un risque pour assurer la continuité des services publics. En 2022, 15% des postes offerts aux concours de la fonction publique d’Etat n’étaient pas pourvus, contre 5% en 2018. Alors qu’on comptait 12 candidats pour une offre d’emploi dans le public en 2000, ils ne sont plus que 4 aujourd’hui, constatent les auteurs d’un rapport de France Stratégie publié le 9 décembre 2024.
Une crise des vocations qui touche le secteur hospitalier et le corps enseignant. Mais pas seulement. Ces difficultés de recrutement s’étendent aux trois versants de la fonction publique : d’Etat (qui représente 45% des agents publics), territoriale (34% des agents) et hospitalière (21%). Ils concernent tous les métiers : ceux dits « à vocation » comme ceux des fonctions support, administratives ou du numérique.
Le nombre croissant de recrutements de contractuels a compensé un temps cette pénurie, mais ne suffit plus à pourvoir tous les postes vacants. En parallèle, le secteur est soumis à la concurrence du privé, sur des métiers où les entreprises ont également du mal à recruter : aides à domicile, aides-soignants, infirmiers…
Forts de ce constat, les quatre auteurs du rapport soulignent l’urgence d’agir efficacement pour renforcer l’attractivité du secteur public, alors même que le déséquilibre entre jeunes débutants susceptibles d’entrer dans la fonction publique et le nombre d’agents à remplacer du fait des départs en retraite va s’accroître dans les prochaines années. Ils listent différentes pistes pour relever ce défi.
Mieux faire connaître la diversité et la réalité des métiers
L’image peu flatteuse que les Français se font du secteur public est souvent liée à une méconnaissance de ces métiers et se base sur des expériences négatives en tant qu’usager des services publics : longues attentes aux urgences, professeurs non remplacés, délais importants pour obtenir un rendez-vous à la mairie ou à la préfecture… Tout l’enjeu du secteur est donc de déconstruire ces perceptions erronées en communicant sur la diversité et la réalité de ces métiers sur le terrain.
Des rémunérations à revaloriser et un système à décomplexifier
La garantie d’un emploi à vie n’est plus suffisante pour attirer des candidats vers le secteur public. Revaloriser les rémunérations est le nerf de la guerre pour redonner aux agents les moyens de faire correctement leur travail, alors que les salaires ont dernièrement progressé plus rapidement dans le privé que dans le public.
La complexité du système de rémunération contribue à son manque de lisibilité, qui rend également les carrières du public moins attractives que celles du privé. « Répondre à la perception d’un déclassement salarial – et ce faisant social – de la fonction publique ne peut vraisemblablement se faire, de façon isolée ou ponctuelle, sans repenser l’architecture globale des rémunérations ni en ignorant la façon dont ce déclassement prend racine dans l’évolution des statuts, ou de la capacité à faire son travail dans de bonnes conditions. »
Mettre l’accent sur les opportunités de carrière ouvertes à tous
Le secteur a tout intérêt à jouer la carte de l’évolution professionnelle : « La fonction publique reste en effet un débouché privilégié pour les diplômés des catégories modestes, en particulier pour les femmes, expliquent les auteurs du rapport. Pour ces deux catégories, la ‘’pénalité’’ pour l’accès aux postes d’encadrement est moindre dans le secteur public que dans le privé. »
Améliorer et valoriser les conditions de travail
Dernier chantier essentiel : travailler sur l’amélioration des conditions de travail. Et en particulier sur l’exposition aux risques psychosociaux, qui s’est accentuée au cours des dernières années, qui prend notamment la forme d’une augmentation du travail sous pression et d’un nombre accru de tensions avec le public.
Point fort sur lequel le secteur public se distingue du privé : un puissant soutien des collectifs de travail. Les salariés du public se déclarent très souvent aidés par leurs collègues (87% contre 79% dans le privé).
Enfin, les experts notent aussi que le public offre une meilleure conciliation entre la vie professionnelle et la vie personnelle que dans le privé, avec des facilités d’accès au télétravail et dans l’organisation des temps (nombre de jours de congés, horaires moins fragmentés pour les métiers moins qualifiés).