Angélique, Claire et Nicolas : 30 ans et déjà entrepreneurs
L’association jeunesse et entreprises vient de publier une enquête sur les motivations et les freins des jeunes à entreprendre. Entre l’engouement pour l’autonomie, l’envie d’accomplir un projet personnel ou encore la passion pour un métier, il est évident que pour se lancer, les jeunes ont au départ une réelle motivation. Pour plus de la moitié d’entre eux, « le goût d’entreprendre, c’est la volonté d’être acteur plutôt que spectateur de son activité ».
Cependant, il n’est pas toujours facile de monter sa boîte. Il ne suffit pas d’avoir l’idée, faut-il encore avoir le financement et la patience nécessaire. Pour la plupart, le manque de moyen, d’expérience et la lourdeur des procédures sont les principaux freins à la création d’entreprise. Malgré tout, ces difficultés font partie du « parcours incontournable des créateurs ». Trois entrepreneurs racontent leurs expériences, des démarches à l’aboutissement de leur projet.
« L’autorité n’était pas pour moi »

« En me lançant dans cette aventure, j’avais en tête de travailler pour moi et de prendre mes propres décisions. Auparavant, j’ai travaillé pour le compte de plusieurs entreprises et je me suis vite rendue compte que l’autorité ne me convenait pas. J’ai alors commencé par chercher un local et me suis ensuite lancée dans les démarches administratives : contacter la chambre des métiers, monter un plan de financement avec comptes prévisionnels, présenter mon dossier aux banques. J’ai donc pu bénéficier de l’Aide aux chômeurs Créateurs ou Repreneurs d’Entreprise (ACCRE) la première année et d’un prêt à taux zéro accordé par ma communauté de commune après être passée en commission. Au final, les démarches n’ont pas été si compliquées. Le plus difficile fut l’attente car les travaux ont pris plus de temps que prévu à cause des normes imposées dans les nouvelles entreprises. » Quand on créé une entreprise, il faut aussi s’attendre à des imprévus et faire preuve de patience.
Devenir autonome et responsable
Devenir chef d’entreprise permet d’acquérir de l’assurance car on devient à la fois autonome et responsable. « La première année, on est un peu déstabilisé et on se remet sans cesse en question : est-ce que ça va marcher, vais-je réussir à fidéliser la clientèle, vais-je pouvoir me sortir un salaire à la fin du mois ? Puis on finit par prendre le rythme » explique Angélique. Travailler pour soi permet d’être libre, d’organiser son emploi du temps et de ne pas subir le stress de la hiérarchie. Cependant, il n’empêche qu’il faut aussi être capable de gérer les comptes de son entreprise, de couvrir les charges ou encore de prévoir les stocks. « Le rythme est parfois soutenu mais c’est un statut qui me convient et je me sens vraiment épanouie dans mon travail » précise-t-elle.
Concrétiser un projet pendant sa grossesse
Claire, 33 ans, était employée lorsque l’idée d’ouvrir une agence de voyage lui a traversée l’esprit. En arrêt 
Etudes de marché, réalisation du business plan ou encore recherche du local… « A plusieurs reprises, j’ai cru devoir abandonner, notamment pour obtenir ma licence car il fallait avoir 2 ans minimum de statut cadre et un BTS tourisme. Or, ce statut ne figurait pas sur mes fiches de paie. J’ai quand même pu le prouver avec ma feuille de cotisation à la caisse des cadres ». Au final, Claire a commencé ses démarches fin octobre 2008 pour ouvrir sous l’enseigne Selectour Depona Voyages à Guichen (35), le 4 mai 2009.
« J’ai réalisé mon rêve professionnel »
« Pour moi, ce grand pas m’a permis de réaliser mon rêve professionnel et même si un jour tout cela devait s’arrêter, cette aventure m’aura beaucoup apporté. J’aime cette liberté », lance-t-elle. Bien entendu, les trois premières années, des sacrifices ont été nécessaires pour Claire et sa famille. Ouverture six jours sur sept, absences régulières, fatigue physique et morale. Malgré tout, c’est aussi sa famille et le soutien de son conjoint qui lui ont permis de tenir le coup. « Quoi qu’il en soit, quand on a un rêve en tête, il ne faut pas hésiter à se lancer. Aujourd’hui, je suis totalement épanouie, j’ai embauché une personne de confiance et je combine à la fois un métier passionnant tout en profitant au maximum de ma petite famille ! Et pourquoi pas d’ici quelques années, ouvrir une seconde agence » précise-t-elle.
Etre à son compte, c’est faire évoluer son enseigne

Le statut d’étudiant-entrepreneur n’existait pas
« Avec un statut étudiant à l’époque, je n’ai bénéficié d’aucune aide. J’ai eu beaucoup de difficultés à trouver une banque qui accepte de me suivre. D’autant plus que je me lançais dans un secteur encore peu développé et qui n’inspirait pas confiance ». Finalement, Nicolas a démarché sept ou huit banques au total et une seule a accepté de le suivre à condition qu’il accepte de revoir à la baisse son investissement.
Annoncé par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, un nouveau statut d’étudiant-entrepreneur devrait bientôt voir le jour. Ce dispositif permettra aux étudiants et aux jeunes diplômés porteurs de projets de création d’entreprise de bénéficier du statut d’étudiant et d’une couverture sociale. La condition : s’inscrire à un diplôme d’université « Création d’Entreprises Innovantes et Entrepreneuriat ». Les étudiants pourront également effectuer leur stage de fin d’études dans l’entreprise qu’ils auront créé et les projets entrepreneuriaux pourront être pris en compte pour valider leur diplôme. Un dispositif qui devrait permettre « la mise en place de formations à l’entrepreneuriat et à l’innovation dans toutes les filières, dès la licence » a précisé la ministre. L’objectif fixé étant de 20.000 créations ou reprises d’entreprises d’ici 4 ans par les étudiants ou les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur.