France Travail, seniors… ce que le gouvernement prévoit pour tenir l’objectif de plein-emploi
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, veut ouvrir « l’acte II de la réforme du marché de l’emploi ».
L’objectif de plein-emploi d’ici 2027 est-il toujours atteignable ? La question mérite d’être posée, alors que l’Insee table sur un taux de chômage de 7,5% au quatrième trimestre 2023 (contre 7,4% au troisième trimestre) et de 7,6% mi-2024. Ajoutez à cela des perspectives de ralentissement de l’économie et du nombre de créations d’emploi et le défi apparaît d’autant plus difficile à relever.
La Première ministre Elisabeth Borne avait demandé à son équipe ministérielle de plancher sur de nouvelles solutions en vue de maintenir le cap. Dans une interview aux Echos, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, dit vouloir accélérer la mise en œuvre des réformes du marché de l’emploi. On en fait l’inventaire.
Les effets attendus du lancement de France Travail
Après la validation par le Conseil constitutionnel du projet de loi pour le plein-emploi, France Travail est prêt à voir le jour dès janvier 2024. Le ministre du Travail s’est félicité de cette décision avant de dévoiler, dans la foulée, le logo du nouveau service public de l’emploi.
🔵🔴 Voici le logo de France Travail à partir du 1er janvier 2024 !
Il a été conçu en interne à l’issue d’une démarche innovante qui a permis aux 55.000 agents de @pole_emploi de voter pour leur logo !
Son déploiement sera progressif en 2024. pic.twitter.com/VsSp74gizs
— Olivier Dussopt (@olivierdussopt) December 15, 2023
Les ambitions nourries par le gouvernement au sujet du successeur de Pôle emploi sont grandes : « Avec la Première ministre, notre objectif, c’est le zéro offre non pourvue », affirme Olivier Dussopt. Pour ce faire, le ministre entend « augmenter de 50% l’objectif fixé à Pôle emploi du nombre d’entreprises contactées pour les aider à recruter ».
En parallèle, France Travail aura pour mission d’augmenter de 25% le nombre d’entrées de demandeurs d’emploi en formation courte et opérationnelle avant embauche. Le gouvernement veut, en outre, au moins doubler le nombre de contrôles de recherche d’emploi : « Il y en a 500 000 aujourd’hui par an. On peut les concentrer et les renforcer sur les demandeurs d’emploi qui sortent d’une formation qualifiante et n’auraient pas accepté d’emploi correspondant à son issue. »
Réforme des retraites et emploi des seniors
La durée moyenne d’inscription des seniors à Pôle emploi est près de deux fois plus longues que pour la totalité des demandeurs d’emploi. Leur accès et leur maintien dans l’emploi est donc une priorité, alors même que la réforme des retraites portant l’âge de départ à 64 ans vient d’entrer en vigueur.
Dans l’attente de l’issue de la négociation entre partenaires sociaux sur l’emploi des seniors, le gouvernement a suspendu son avis sur la convention de l’assurance-chômage : « Nous attendons au moins que le déclenchement de la majoration de la durée maximale d’indemnisation soit décalé de deux ans, à 57 ans. De même, l’âge de maintien des droits à indemnisation jusqu’à une retraite à taux plein doit passer de 62 à 64 ans », explique Olivier Dussopt.
Fin novembre, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire avait proposé un alignement du régime d’indemnisation chômage des seniors sur celui des autres demandeurs d’emploi. Une réforme qui ferait passer la durée d’indemnisation de 27 mois pour les plus de 55 ans (et 22,5 mois pour les 53-54 ans) à 18 mois.
Licenciements et ruptures conventionnelles
Autre piste déjà évoquée par le locataire de Bercy : la réduction du délai de contestation en justice d’un ancien salarié en cas de licenciement. Si Bruno Le Maire parlait de réduire cette durée de douze à deux mois, Olivier Dussopt, a parlé d’un abaissement à un « délai suffisant » sans apporter davantage de précisions.
Quant aux ruptures conventionnelles, le ministre souhaite les préserver, mais limiter leur « effet d’aubaine qui pénalise l’emploi des seniors » : « Elle est parfois utilisée par les salariés de 58 ou 59 ans comme une forme de préretraite qui ne dit pas son nom », poursuit-il.