L’ubérisation a un impact positif sur l’économie
« Pourquoi l’économie collaborative captive-t-elle tant en France ? » s’est interrogée la Compagnie française du commerce extérieur (Coface) dans une récente étude. Une économie qui intrigue et fait peur. Parfois perçues comme fossoyeuses des acteurs historiques, les plateformes internet sont aussi « synonyme de jeunesse et d’innovation ». Si on les vilipende, la France est pourtant un des pays les plus favorables à leur implantation. Ainsi, entre 2012 et 2014, le nombre d’annonces AirBnB a été multiplié par 8 et 14.000 sociétés de VTC ont été créées depuis 2010. Un encrage rapide qui a entraîné des défaillances d’entreprises parmi les acteurs traditionnels, notamment des taxis et des hôtels.
Au final, les créations de poste induites par les plateformes compensent-elles les destructions d’emplois ? Pour la COFACE, la réponse est oui. Et de prévenir qu’une réglementation trop stricte de l’économie collaborative pourrait peser sur l’emploi. « Un modèle économétrique mesurant l’impact sur le taux de chômage d’une variation du nombre de VTC le confirme : un recul de 20% de ces derniers est associé avec une augmentation du taux de chômage de 0,15 point, même en tenant compte des effets positifs sur les sociétés de taxi traditionnel », écrit la Compagnie française du commerce extérieur. Pour la Coface, la taxation des revenus liés aux plateformes réduirait l’offre et « devrait représenter un manque à gagner à court terme pour l’économie » de l’ordre de 400 millions d’euros. En effet, les particuliers qui louent actuellement un logement sur AirBnB ne se reporteraient pas de facto sur les hôtels…
Des « destructions créatrices d’emplois »
Pour la Coface, le solde entre les destructions d’emplois liées à l’ubérisation et la création induite par les plateformes est « positif ». Entre 2008 et 2016, ce sont 12 128 emplois qui ont été créés, soit une croissance de 64%. Un phénomène de « destruction création » déjà étudié par l’économiste Schumpeter. Selon lui : « La conséquence de l’innovation est l’apparition d’un profit monopolistique permettant à l’économie d’entrer dans une période de transition. Cette transition se caractériserait par la ‘destruction créatrice’, synonyme de créations d’emplois et de marchés au détriment de la destruction d’autres emplois et marchés », souligne l’étude de la Coface.
Du côté de l’hôtellerie le bilan est également positif, l’arrivée d’AirBnB n’ayant pas affecté la santé financière des hôtels en France et « en particulier à Paris, où la majorité des offres est concentrée », poursuit l’étude.Entre 2012 et 2014, les défaillances d’entreprises hôtelières ont même reculé de 58% tandis que le taux de remplissage a légèrement augmenté entre +4 et +1% de 2011 à 2015. La croissance quasi nulle il y a un an s’expliquant par les attentats, souligne la Coface.