Retraite, la réforme risque de pénaliser encore davantage les femmes
Si le gouvernement assure que la retraite par points sera favorable aux femmes, de nombreuses personnalités – politiques, économistes et militantes – ont dénoncé un « mensonge », lundi, lors d’un meeting à la Maison des métallos.
Les femmes seront les « grandes gagnantes » de la réforme des retraites ne cesse d’expliquer le gouvernement depuis les premières manifestations contre ce projet. Parmi ses arguments, le fait que dans un système à points chaque euro cotisé entrera dans le calcul de la pension, y compris les petits jobs qui jusque là ne suffisaient pas à valider un trimestre. Mais aussi que pour certaines femmes à la carrière incomplète, elles n’attendront plus 67 ans pour percevoir une retraite à taux plein grâce à l’âge d’équilibre fixé à 64 ans. Ou encore de citer l’introduction d’une nouvelle bonification de 5 % dès le premier enfant et d’un supplément de 2 % à partir de trois enfants.
Des arguments qui ne suffisent pourtant pas à rassurer les principales intéressées. Lors d’un meeting qui s’est tenu lundi soir à Paris des femmes historiennes, économistes, syndicalistes et politiques ont démonté la réforme du gouvernement qui pénalisera encore davantage les « personnes qui ont des carrières heurtées ». Les femmes essentiellement qui prennent des congés maternité et qui occupent aux trois quart des temps partiels. Déjà aujourd’hui, les femmes sont pénalisées : durant leur carrière elles subissent un écart de salaire de 26 % avec les hommes, qui monte jusqu’à 42 % pour les pensions de retraite.
Fin du calcul des retraites sur les 25 meilleures années
Comment la prise en compte des petits jobs pourrait-elle être plus favorable aux femmes plutôt que de la calculer sur les 25 meilleures années ? Un avantage qui paraît marginal au vu du niveau de salaire de ces emplois.
Pension et enfant
Autre point qui fait débat : actuellement les femmes gagnent huit trimestres de cotisation pour chaque enfant ce qui devrait disparaître. A la place, le gouvernement a annoncé une revalorisation de la pension de 5 % dès le premier enfant et de 2 % à partir de trois. Actuellement, le père et la mère voyaient chacun leur pension majorée de 10 % à partir de trois enfants. Les nouvelles majorations pourront désormais être attribuées au père ou à la mère. « Avant les 4 ans de l’enfant il va falloir choisir. Il sera souvent intéressant que ces 5 % soient reversés au père, qui généralement gagne plus. Ce qui veut dire qu’en cas de séparation, les femmes perdront tout. C’est un scandale, selon Céline Piques porte-parole d’Osez le féminisme. Ces droits devraient être redirigés vers les mères. Surtout en cas de violence, il peut y avoir une pression du père pour s’attribuer ces droits familiaux ».
Les veuves fortement impactées
Actuellement, les pensions de réversion – soit un pourcentage de la pension du conjoint décédé – bénéficient dans 90 % des cas aux femmes. Le gouvernement entend reculer l’âge auquel les personnes pourront y avoir droit, soit 62 ans contre 55 ans aujourd’hui. Des pensions qui seront également supprimées en cas de divorce.
1 000 euros garantis pour tous ?
Le minimum contributif promis par le gouvernement permet d’améliorer aujourd’hui les petites pensions à partir de 67 ans, l’âge du taux plein automatique. Son montant varie entre 700 et 900 euros. Si le gouvernement promet un minimum de 1 000 euros pour tous les retraités dès 2022, et à partir de l’âge pivot (64 ans), les participantes au meeting ont rappelé que c’est une avancée déjà prévue dans la loi depuis 2003… Et c’est un minimum garanti en cas de carrière complète, or 40 % des femmes n’ont pas de carrière complète.
« Les femmes, grandes gagnantes ? 😂 Lol ! »
Les organisatrices du meeting ont réuni et résumé leurs idées sur un site Internet renvoyant vers une pétition, démontant tous les arguments du gouvernement soit-disant en faveur des femmes. Un site équivalent s’adresse aux hommes comme aux femmes, son nom : Laretraitelol.