Gestion de projet : attention à la Loi de Hofstadter
La Loi de Hofstadter n’est pas très connue, c’est pourtant une règle du temps immuable dans le monde de l’entreprise. Cette loi récursive peut en effet s’appliquer au travail, en particulier à la gestion de projet. Ce qu’elle énonce est une évidence : « Il faut toujours plus de temps que prévu, même en tenant compte de la Loi de Hofstadter. »
Une loi empirique de glissement du planning
La loi de Hofstadter est aussi connue sous le nom de loi de glissement de planning. Elle a été formulée par l’universitaire américain Douglas Hofstadter dans « Gödel, Escher, Bach : Les Brins d’une Guirlande Éternelle », une oeuvre pour laquelle il a reçu le Prix Pulitzer de l’essai en 1979. Pour élaborer, avec un brin de d’humour, cette formule qui donne le vertige, Hofstadter s’est appuyé sur le temps nécessaire à programmer des ordinateurs capables de battre des humains aux échecs. Selon lui, l’estimation d’un délai de dix ans devait être revue au bout de dix ans révolus.
Ce que dit la loi de Hofstadter complète finalement le constat de la loi de Parkinson. Le travail s’étire à l’infini en fonction de la deadline, estime Parkinson, mais pour Hofstadter on se trompe souvent dans l’évaluation du temps nécessaire à la réalisation d’un projet. C’est particulièrement vrai dans le domaine du logiciel et des projets informatiques, où les délais ont tendance à se décaler sans arrêt. Les plannings glissent même quand on se doute qu’il faudra plus de temps que prévu.
Le serpent du temps se mord la queue
Mais pourquoi faut-il plus de temps que prévu ? Dans sa loi, Hofstadter se contente du jeu de la récursivité : il auto-cite sa loi dans sa définition pour en faire une sorte de pied de nez scientifique, un cercle vicieux. C’est comme le serpent qui se mord la queue.
Mais son raisonnement en boucle n’est pas dénué d’une certaine réalité dans le monde du travail. Car souvent le rétro-planning de départ est faussé. Les chefs de projets, ou ceux qui sont censés le piloter, ont tendance à sous-estimer le temps nécessaire à la réalisation d’un projet logiciel. Pour plusieurs raisons. D’abord par méconnaissance du travail en lui-même : ce sont des managers, pas des techniciens. Ensuite, pour faire plaisir à leur direction en affirmant avec un grand sourire, « bien sûr que c’est possible », alors qu’ils n’ont aucune idée de ce qui est véritablement faisable ou non. Enfin et surtout pour satisfaire le client final qui ne signerait jamais le contrat si on lui disait dès le départ le temps de travail objectivement nécessaire.
Le cycle de vie d’un projet finit toujours par dérailler
Dans un projet, le temps est aussi de l’argent. Minimiser le temps nécessaire permet de réduire un peu la facture et faciliter l’acceptation par le client. Tout cela ce n’est pas Hofstadter qui le dit, mais vous l’avez sans doute constaté dans votre travail et c’est une loi qui ne porte pas de nom : ceux qui planifient le projet ne sont jamais ceux qui le réalisent. Et c’est de là que viennent beaucoup de problèmes dans l’organisation des entreprises.
Le fameux cycle de vie d’un projet est rarement un long fleuve tranquille et finit toujours par dérailler ou ressembler à ça (sauf si on prend en compte la loi de Hofstadter évidemment) :
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