L’emploi atypique source de dépression
Une étude de l’Institut National de Veille Sanitaire (INVS) publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire révèle que les personnes en contrat de travail « atypique » du type CDD, mission intérim ou à temps partiel sont davantage sujettes à la dépression que les autres. Et ce sont les femmes les premières touchées. Pas seulement parce qu’elles sont généralement plus « fragiles » que les hommes, mais surtout parce que la proportion de femmes à travailler en contrat atypique est plus importante.
Le temps partiel subi en cause
L’étude de l’INVS a été réalisée d’après l’enquête décennale santé 2003 faite par l’Insee et a décrypté les données d’environ 12.000 actifs au travail. Par emploi « atypique », les auteurs de l’étude entendent les contrats à durée limitée ou indéterminée, les missions temporaires, à son propre compte, ou le temps partiel subi. Résultat, « pour les deux sexes, le temps partiel subi est associé à une fréquence accrue de symptômes dépressifs, alors que ce n’est pas le cas pour le temps partiel choisi. » Mais pour les deux sexes, une expérience à temps partiel au cours de la vie professionnelle augmente les troubles dépressifs. Et les personnes sans diplôme sont plus sujettes à la dépression, puisque plus touchées par l’emploi précaire.
Les femmes, 1ères victimes
Les femmes sont en effet plus souvent confrontées à l’emploi atypique que les hommes expliquent l’étude, que ce soit sur le plan de la durée du contrat que sur le volume horaire. Et dans ce cadre, la nuance entre temps partiel choisi et temps partiel subi prend tout son sens : dans le cas d’un temps partiel imposé à la salariée, la fréquence des symptômes dépressifs est accrue. Par ailleurs, les femmes en CDD ou contrat à durée limitée sont plus touchées que les salariées en CDI ou les travailleuses indépendantes. Pour les hommes, les différences ne sont pas aussi significatives visiblement.
Au-delà du type d’emploi, d’autres facteurs psychosociaux peuvent conduire à un état dépressif selon l’étude, comme la faible reconnaissance des efforts du salarié, l’insatisfaction globale au travail, les problèmes d’éthique professionnelle ou plus largement le contexte actuel d’insécurité de l’emploi… Et inversement, une santé psychique fragile peut conduire les individus à occuper un emploi précaire.
Consultez le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire du 23.02.2010