« Nos salariés veillent sur la santé mentale de leurs collègues »
Avant même que la santé mentale ne soit déclarée grande cause nationale en 2025, Engie B2C France a formé des collaborateurs à la prévention des risques psychosociaux. Récit d’Aline Faessel, responsable santé, sécurité et QVCT.
« La santé et la sécurité de ses collaborateurs au sens large est depuis toujours l’un des piliers du groupe Engie. De plus en plus, les salariés viennent se confier à leur employeur lorsqu’ils traversent une situation personnelle compliquée qui peut rejaillir sur leur travail. Et c’est de notre responsabilité que de nous assurer que l’ensemble de nos collaborateurs travaillent dans un environnement sain et serein. Lors de la crise sanitaire, nous avons souhaité mettre l’accent sur la prévention des risques psycho-sociaux (RPS), à travers un partenariat avec la solution de santé mentale Moka.care, des enquêtes internes régulières et un accès facilité à une assistante sociale pour nos collaborateurs. »
« Mais nous avons voulu aller encore plus loin en créant un dispositif complémentaire de prévention primaire des RPS, au sein d’Engie B2C France, une entité qui regroupe les services autour de la fourniture d’électricité et d’énergie et qui compte un peu plus de 6 000 collaborateurs. L’idée que des collaborateurs soient destinés à prendre soin de la santé mentale de nos collaborateurs a germé d’un groupe de travail avec nos partenaires sociaux. »
« Détecter les signaux faibles, écouter et orienter »
« Dès le départ, leur mission a été clairement définie : ces référents ne devaient pas avoir à traiter la problématique identifiée, mais bien détecter les signaux faibles (un changement soudain de comportement alimentaire, d’humeur, une fatigue accrue…), aller prendre des nouvelles du collaborateur qui ne semble pas aller bien, l’écouter et l’orienter vers le médecin du travail, un psychologue, les RH, l’assistante sociale ou vers moi-même, référente RPS, avec son accord. Nous avons choisi de les appeler ‘’capteurs terrain’’ pour illustrer à la fois leur proximité avec les autres collaborateurs et leur rôle de détection précoce des situations de mal-être. »
« Rien ne remplace l’échange humain pour traiter d’une problématique de santé mentale »
« On a lancé la phase de recrutement de nos capteurs terrain en avril 2024. Nous avons reçu une trentaine de candidatures et nous avons organisé des entretiens en binôme avec l’une de mes collègues. Notre objectif était d’évaluer l’appétence des collaborateurs pour ce sujet et la justesse de leur positionnement : on a été très attentifs à ne pas mettre nos collaborateurs en situation de risque, à ce qu’ils soient capables de garder la distance nécessaire face à des situations qui peuvent être compliquées. On a sélectionné deux à trois personnes pour chacun de nos sept sites, puis on a demandé la validation de leur manager et des RH. Ces capteurs terrain ont ensuite bénéficié d’une journée de formation par une intervenante externe, Noémie Guerrin du cabinet Santé du Dirigeant. »
Retours d’expérience et actions de sensibilisation
« La communauté des capteurs terrain a officiellement été lancée en octobre 2024. Ils sont aujourd’hui 25 (sur l’ensemble du territoire), échangent régulièrement entre eux sur Teams et participent à une série de temps forts tout au long de l’année. Tous les deux à trois mois, nous nous réunissons au sein d’un comité de pilotage obligatoire d’une heure et demie, lors duquel nous passons en revue les différents indicateurs de Moka.care et nous partageons des retours d’expérience de situations individuelles anonymisées. On propose également à nos capteurs terrain des rendez-vous thématiques en fonction des points qu’ils souhaitent approfondir. Nous leur demandons aussi d’organiser au moins deux fois par an des cafés gourmands, afin que les collaborateurs de leur site les identifient bien, et d’animer des quarts d’heure consacrés aux risques psychosociaux au sein des différentes équipes. Enfin, on retrouve les noms et coordonnées de tous nos capteurs terrain sur notre intranet et dans nos locaux sur des écrans dynamiques. »
« C’est plus simple d’aller voir un collègue quand on ne se sent pas bien »
« Les retours au bout d’un an de mise en place de ce dispositif sont extrêmement positifs, y compris du côté des managers, qui ont apprécié les animations autour de la prévention des RPS dans leur équipe. Les capteurs terrain saluent, eux aussi, le dispositif. Ils nous ont demandé de faire encore plus de cas pratiques en 2026. Je réfléchis également à la manière de valoriser leur engagement, notamment en leur donnant une lettre de mission qui reconnaîtrait leur investissement. »
« On constate aussi que c’est souvent plus simple pour nos collaborateurs, quand ils ne vont pas bien, d’aller voir un ou une collègue que de parler à son manager ou à un RH. Nos capteurs terrain ont différents âges, genres, métiers… ça ouvre le champ des possibles. Multiplier les canaux d’écoute est un bon moyen de libérer la parole au sein de l’entreprise et de démystifier les risques psycho-sociaux. Rien ne remplace l’échange humain pour traiter d’une problématique de santé mentale. »