Comment redonner de l’intérêt à l’entretien annuel ?
Alors que près d’un salarié sur deux juge l’entretien annuel inutile, suivez ces conseils aux RH pour inverser la tendance.
Alors que la période des entretiens annuels vient de s’ouvrir, les salariés semblent de moins en moins convaincus de l’utilité de ce rendez-vous. Selon une étude Ipsos pour Deel*, près d’un salarié sur deux estime que l’exercice est inutile et sans impact réel sur sa carrière. Un constat sévère pour un rituel longtemps considéré comme incontournable.
Un rendez-vous perçu comme routinier et administratif
75% des salariés interrogés dans l’étude ont passé un entretien annuel au cours de l’année écoulée, mais le sentiment général demeure mitigé. Ils sont 43% à ressentir de l’indifférence à l’approche de ce rendez-vous, et 16% du stress.
Plus préoccupant, 41% d’entre eux jugent l’exercice sans effet concret sur leur évolution professionnelle. Un désenchantement davantage marqué chez les 35 ans et plus, signe d’une forme de lassitude face à un format perçu comme rigide, vertical et sans impact réel.
Des attentes fortes de reconnaissance et de développement
Interrogés sur ce qu’ils attendent réellement de ce moment, les salariés sont clairs :
- 58% veulent une reconnaissance financière ;
- 55% aspirent à une écoute réelle et à la prise en considération de leurs retours ;
- 43% désirent des objectifs stimulants ;
- 38% attendent plus côté formation et développement des compétences, un chiffre qui grimpe à 43% chez les moins de 35 ans.
Autrement dit, les collaborateurs souhaitent un entretien qui sert leur progression et se traduit en actions concrètes. Pour Jérémy Mimoun, directeur France de Deel, « l’entretien annuel s’est banalisé au point de devenir un passage obligé plus qu’un vrai outil de développement ».
La fin d’un format descendant trop normé ?
Pour autant, la question n’est pas de supprimer l’entretien annuel, mais de lui redonner du sens dans un environnement où « les salariés attendent aujourd’hui un dialogue continu, pas un bilan figé une fois par an », explique Jérémy Mimoun.
Un défi d’autant plus important que la confiance dans l’évaluation managériale est loin d’être acquise : 33% des salariés déclarent ne pas faire confiance à leur manager pour évaluer leur performance. Un signal d’alerte pour les organisations qui doivent accompagner les managers dans un rôle souvent complexe, entre exigence business et sécurité psychologique.
Comment redonner à l’entretien annuel son utilité ?
Dans ce contexte, pour rester pertinent, l’entretien annuel doit évoluer, tant dans la forme que dans le fond. Il doit désormais s’inscrire dans un parcours plus fluide, collaboratif et utile.
Installer une culture du feedback continu
L’étude révèle que 34% des salariés préféreraient des feedbacks réguliers plutôt qu’un entretien unique, et 27% une discussion plus constructive et moins centrée sur l’évaluation.
Recourir au continuous feedback permet notamment :
- Un meilleur suivi des objectifs ;
- Une détection plus rapide des difficultés ;
- Une dynamique d’amélioration continue.
Dans ce cadre, l’entretien annuel devient un rendez-vous de bilan plutôt que le seul espace d’échange. Dans un monde du travail hybride, mouvant et exigeant, ce format doit pouvoir s’intégrer dans un écosystème d’évaluation continu.
Co-construire les objectifs, les rendre clairs et évolutifs
Le manque de clarté quant aux objectifs est un irritant majeur pour nombre de salariés. Le recours à des méthodes structurantes, telles que les OKR (Objectives and Key Results) peuvent aider : définir un grand objectif commun, celui de l’entreprise, le décliner par service, puis par collaborateur, avec des résultats mesurables pour faciliter l’évaluation des progrès. Réévalués chaque trimestre, ces OKR permettent d’offrir une flexibilité nécessaire pour s’adapter aux évolutions et aux imprévus.
Former les managers
La crise de confiance autour de l’évaluation managériale impose d’accompagner les managers sur deux fronts :
- La méthodologie : comment évaluer sans biais ? Comment donner un feedback constructif ?
- La posture : l’écoute active, l’intelligence émotionnelle, le non-jugement… Il s’agit, en somme, de remettre le dialogue au cœur de la relation de travail.
Un salarié qui se sent écouté et entendu portera, in fine, un regard plus positif sur l’entretien.
Articuler l’entretien annuel et le plan de développement des compétences
L’étude Ipsos met en lumière une attente forte autour de la formation et de la montée en compétences, dans un contexte où l’IA vient transformer de nombreux métiers. C’est un axe important à ne pas négliger, à la fois pour fidéliser et maintenir l’employabilité.
*étude réalisée en ligne du 8 au 15 octobre 2025 auprès d’un échantillon national représentatif de 1000 salariés d’entreprise de 50 salariés et plus âgés de 18 ans et plus.