Salariés aidants familiaux : « L’entreprise a un rôle à jouer »
Notre série « Tribunes RH » propose aux experts des questions RH et aux acteurs du recrutement et de l’emploi de prendre la parole. Cette semaine, Florence Federici, consultante RH. Elle s’intéresse de près à la question de la place des salariés aidants familiaux dans l’entreprise. Pour elle, il est évident que l’entreprise a un rôle à jouer pour leur permettre une plus grande reconnaissance : 17 % des salariés seraient concernés par cette situation.
11 millions d’aidants en France

La création d’un droit au répit
Nous devons avancer ensemble. La loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement (ASV) apporte une innovation essentielle par la création d’un droit au répit pour les proches aidants des personnes âgées en perte d’autonomie, financé dans le cadre du dispositif de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). De plus, le congé du proche aidant est entré en vigueur le 1er janvier 2017. Le problème, c’est qu’il est non rémunéré. Alors la loi du 13 février 2018 a créé un dispositif de don de jours de repos non pris au bénéfice des proches aidants.
Certaines entreprises ont devancé la loi en créant des congés « aidants » rémunérés par l’entreprise après validation de la situation par le service social. Suite à la loi de 2018, on peut aussi imaginer un système d’abondement en jours par l’entreprise.
Un salarié aidant que l’entreprise n’accompagne pas est un salarié fatigué : retards ou départs mal anticipés, absentéisme, difficultés à se concentrer, fatigue, stress …. Cet absentéisme ou présentéisme lié à la situation d’aidant a un coût pour les entreprises (il est estimé à 6 milliards d’euros par an).
La nécessité d’une culture d’entreprise bienveillante
L’entreprise a un rôle à jouer. Celle-ci peut communiquer sur ce thème (de nombreux salariés sont des aidants sans le savoir). Certains aidants n’ont absolument pas conscience de leur statut ni de leurs droits. Les entreprises peuvent animer des groupes de paroles avec des psychologues experts sur le sujet. L’entreprise peut aussi adhérer à une plateforme d’écoute et d’accompagnement. Elle peut aussi financer des formations spécifiques et mettre à disposition des CESU préfinancés pour la mise en place de prestations à domicile. Il faut aussi beaucoup d’écoute et créer une culture d’entreprise bienveillante pour que ces salariés libèrent leur parole et se sentent reconnus en tant qu’aidant par leur entreprise.
Le sujet des aidants familiaux est un sujet de société. L’entreprise a des responsabilités économiques et sociales. De mon point de vue, cette thématique relève de la qualité de vie au travail (QVT) et de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Nous pouvons tous être concernés par la perte d’autonomie, le handicap ou la maladie d’un proche. La situation peut basculer en une fraction de seconde : AVC, accident domestique ou de la route …
La mise en place des dispositifs d’information et d’accompagnement pour les salariés aidants permettra une meilleure reconnaissance de leur statut ».