Mails : les 8 formules qui nous rendent fou

On les voit passer plusieurs fois par jour. On en rit jaune, on en grince des dents, on s’en tire les cheveux : il s’agit bien de ces formules écrites « « passives agressives », en apparence anodines, qui ponctuent nos mails professionnels, et en disent beaucoup plus long qu’elles n’y paraissent. L’éditeur de logiciels Adobe a répertorié les 8 expressions les plus sournoises, qui esquivent la confrontation mais nous poussent parfois à bout.

« N’étant pas certain que vous ayez vu mon dernier mail… ». Voici la phrase qui agace le plus les 1 000 personnes interrogées dans le cadre de l’enquête, qui ont été plus d’un quart à la citer. Derrière cette tournure en apparence délicate, on peut y lire « peut-être étiez-vous occupé à un rendez-vous, à passer du bon temps en famille ou à rendre visite à des amis. Quoi qu’il en soit, je suis plus important. Remettez-vous au travail ! ». De quoi avoir quelques sueurs froides.

S’en suivent les amorces telles que « Pour en revenir à mon dernier mail » (13 %), ou « Concernant notre conversation » (11 %).

Autre coquetterie linguistique irritante : « Du nouveau à ce sujet ? », sous-entendu « je pose une question car hurler l’expression « je veux des mises à jour immédiatement ! » nous ferait passer pour un fou furieux ». Ou bien le traditionnel « Désolé pour ce double mail », où il faut comprendre « je ne suis absolument pas désolé. J’aime bombarder mes collaborateurs de mails, ce qui me fait sentir important ».

Si un supérieur ou un collègue vous glisse un « un avis sur la question ? », n’y voyez pas là une marque de confiance mais bien l’occasion pour lui de se dédouaner et se frotter les mains en cas de problème : ce sera votre faute !

Enfin, « Comme vu précédemment » signifie, ni plus ni moins, « comme exigé précédemment » et « vous trouverez en pièce jointe, pour plus de commodités… » montre que votre interlocuteur, non content de vous inonder de mails, n’a aucun scrupule à encombrer votre boîte de réception avec des documents que vous possédez certainement déjà. Mais la confiance n’exclue pas un petit rappel…

Un coup de fil plutôt qu’un mail

Au-delà des formules qui piquent les yeux, l’enquête révèle avant tout que les managers et chefs d’entreprise, en s’adressant par mail à leurs salariés plutôt que de visu, réduisent en réalité la productivité de leurs équipes, voire le moral.

Point d’interrogation accusateur, points de suspension lourds de sens, ton mal interprété à tort ou à raison et sentiment de communication passive-agressive : les salariés se plaignent qu’en choisissant l’écrit, les responsables ajoutent à la pression du quotidien « parce que l’émotion et l’intention sont parfois difficiles à transmettre par courrier électronique » a expliqué Kristin Naragon, directrice des solutions de courrier électronique chez Adobe, sur la chaîne de télé CNBC.

Plus que les formules, c’est la sur-connexion qui participe du malaise des employés

Invités à décrire leurs émotions lors de la lecture des e-mails professionnels, en règle générale, 41 % des personnes interrogées ont déclaré ne ressentir que de l’indifférence. 20 % des salariés se sentent accomplis et 17 % ressentent même une certaine excitation. Mais pour une part non négligeable, la consultation de sa boîte mails est plus problématique. 14 % ressentent de l’anxiété, et 8 % de la peur ou de la culpabilité.

Pour William Becker, co-auteur de l’étude, « les résultats révèlent les limites du travail ‘flexible’ qui se transforme souvent en travail sans frontières et sans limites, compromettant la santé et le bien-être des employés et de leurs familles ». Des salariés sur-connectés et surexposés, chez qui la moindre petite phrase ambiguë peut résonner comme une agression.

(istockphoto.com/Peopleimages)

Bien s’équiper pour bien recruter